Mais le destin veillait. Justement, à côté de l'endroit où il travaille, à Issy-les-Moulineaux,
il y a un club de baby-foot. Si, si, ça existe… « J'y ai été un peu par hasard, voici
deux ans. » Mais très vite, les vieux automatismes reviennent, même s'il ne s'agit
plus tout à fait de baby-foot. « En compétition, ça s'appelle du football de table,
la traduction de « soccer table », le principe reste le même, mais les règles sont
légèrement différentes. Bizarrement, dans le sud de la France, le baby-foot est considéré
comme un jeu de bar, alors que dans le Nord, et surtout dans les pays anglo-saxons,
c'est considéré comme un sport. D'ailleurs, dans le Nord, il n'y a pas, ou peu, de
baby-foot dans les bars. Par exemple, à Paris, il y a seulement quatre bars qui ont
un baby. »
Et qui dit sport, dit fédération et championnats. À ce propos, Stéphane a terminé
3e du championnat de France série C, récemment à Bordeaux. « Je vais monter en série
B, et je vise la série A. » Quant au sommet, la catégorie élite, il ne se fait guère
d'illusion. « Quand j'étais jeune, j'aurais pu, je gagnais tout. Pour atteindre ce
niveau, il faut passer sa vie sur la table. Les meilleurs ont un baby-foot chez eux,
et s'entraînent quotidiennement. » Comme les Américains, les maîtres du monde, même
si le « Pelé du baby-foot » est un Européen, un Belge du nom de Frédéric Collignon,
meilleur joueur de tous les temps, une véritable légende. Pour l'heure, Stéphane
s'entraîne trois fois par semaine.
« C'est important, parce que c'est un sport très technique. Et il faut de la résistance,
une compétition débute le matin, et se termine dans la soirée, si l'on arrive aux
phases finales. »
Mais trêve de bavardage, un petit match, pour voir, ça vaut mieux que tous les discours.
Je dois à la vérité d'avouer que je n'ai jamais été un crack au baby. Mieux au flipper,
mais c'est une autre histoire. Mais de là à prendre une telle tannée… Le pire, c'est
que Stéphane jouait presque d'une seule main, en expliquant les différentes techniques
de « roulette », en décomposant ses gestes. à la limite, il ne paraissait pas concentré,
alors que moi je louchais sur la petite balle jaune. Sans pouvoir la toucher… Vraiment
impressionnant, pour autant, Stéphane la joue modeste, s'excusant presque de son
talent. Faut pas. Pour tout dire, fair-play, il m'a même proposé une revanche. J'ai
prétexté un claquage…
Règles à part
Vous avez déjà tous vu un baby-foot. Ben, en compète, y en a pas qu'un, mais 5 à
être homologués, tous avec une surface différente. « ça dépend des pays, chez nous,
c'est le traditionnel Bonzini. » Chaque joueur emmène ses propres poignées, dont
la forme et la matière sont libres. « Les joueurs jouent avec des demi-gants, comme
au golf. » Et tout est bon pour déstabiliser l'adversaire… »
Publié le 8 juin 2011 dans le journal « la Dépêche du Midi », cet excellent article
de Christian Vignes :
« Stéphane Dulac est un champion. D'un genre un peu particulier, puisqu'il pratique
le baby-foot, une discipline peu connue dans le sud de la France, qui gagne à l'être.
D'aussi loin qu'il se souvienne, il a toujours joué au baby-foot. Normal, ses parents
tiennent un bar, Le Miramont, enfoui au cœur d'Orincles. « Avec mon frère, on y passait
nos journées », se remémore Stéphane Dulac, aujourd'hui âgé de 42 ans. Et, déjà,
les succès. « On gagnait tous les concours de fêtes de village, on était imbattables.
» Et puis la vie est passée par là, Stéphane s'est exilé à Paris, pour raisons professionnelles.
« Pendant plus de dix ans, je n'ai plus joué au baby-foot. J'avais presque oublié…
»
Le 7 juillet 2012, le journal « la Dépêche du Midi » reparle de notre champion :
Stéphane Dulac se rapproche du but.
« Vous vous souvenez de Stéphane Dulac ? Mais si, ce jeune homme natif d'Orincles,
parisien pour raisons professionnelles, est un passionné de baby-foot. Et il participe
au championnat de France de la discipline, avec quelques résultats enviables. Il
fait le point sur sa saison : “ Suite à mon bon parcours en catégorie rookie (série
C) l'an dernier, j'ai commencé la saison en série B. Mon objectif principal a été
atteint puisqu'au soir du tournoi de Segré (Maine et Loire) qui s'est déroulé le
11 février, je suis monté en série A. ”
La cour des grands…
Quant à son palmarès, il s'est copieusement enrichi :
- Par équipe : deuxième montée consécutive avec son club d'Issy-les-Moulineaux. La
saison prochaine, le club évoluera en 2e division. En double : 1/4 de finale de l'open
d'Aunay-sur-Odon (Calvados) le 8 octobre 2011.
- En simple : 20e place au championnat de France semi pro (catégories A et B confondues)
qui s'est déroulé à Bordeaux le 2 juin. Pas mal… »
Le 19 juillet 2014, le journal « la Nouvelle république » nous donne des nouvelles
dans l’article : Stéphane Dulac est revenu encore plus fort.
« Après une saison quasiment blanche liée à divers problèmes dont le décès de son
père, Stéphane Dulac est revenu encore plus fort, pour signer une excellente saison
2013-2014. Suite à de gros matchs, le Tarbais a réussi à battre des joueurs élites
confirmés notamment aux tournois de Gauchy (02) et de Segré (49). Le printemps 2014
a été particulièrement réussi puisque Stéphane a atteint les quarts de finale du
tournoi d'Evry (91) le 15 février et surtout , il a gagné l'open CNFT3 d'Angers le
10 mai en double avec son coéquipier Yannick Poitevin (capitaine de l'équipe de France
juniors). C'est d'ailleurs en tant que coach adjoint de cette équipe de France juniors
que Stéphane Dulac a connu sa plus belle émotion. En effet, les jeunes Français sont
devenus champions du Monde Bonzini le 18 mai dernier et lui ont donc permis d'obtenir
avec eux une fort belle médaille d'or ainsi que les honneurs du podium et de la Marseillaise.
Lors du championnat de France série A, il n'a pu qu'égaler sa performance de 2012,
soit une 20e place. Stéphane Dulac finit la saison à une fort belle 77e place au
classement général avec 220 points, à 30 points seulement de la catégorie « élite ».
Voilà donc un bel objectif pour la saison prochaine. »