Aren (prononcer Arin), est un village paisible, superbement entretenu, de la vallée
de Josbaig au bord du gave d'Oloron. La première impression est qu'il semble faire
bon vivre à Aren. Le cœur du village est composé d'un ensemble château-église-mairie-parc
de toute beauté. Un pigeonnier isolé veille sur le château. Des maisons très anciennes
sur la " Carrère ", aux fenêtres à meneaux, sont originales par leur toit couvert
de labasses, sorte d'ardoises très lourdes. Vers 1100, les premiers seigneurs d'Aren
sont mentionnés. Le château actuel, bien visible dans le village, date du XVe siècle
et connut de nombreux propriétaires. En 1658, la seigneurie devint une baronnie vassale
des vicomtes de Béran. L'église romane Saint-Jean-Baptiste date du X ou XIe siècle.
Une partie de l'église a été annexée en 1717 par les seigneurs d'Aren et transformée
en chapelle privée. Une seconde entrée fut alors construite pour les villageois.
L'édifice a été grandement remanié au XIXe siècle.
Ce château d'origine très ancienne (on parle de 1150), est situé sur une motte féodale
dans une commune au nom composé de deux villages qui ont fusionné dans les années
1860. Niché au cœur de la campagne béarnaise près de Lembeye, il a été reconstruit
à la fin du XVIe siècle et a à peu près gardé son aspect d'origine depuis tout ce
temps. Propriété de la couronne de Navarre, il a aussi appartenu aux XVII-XVIIIe
siècles à une branche de la famille du mousquetaire D'Artagnan : les Montesquiou.
Le visiteur pénètre dans le château par un large portail à piliers de pierres, puis
passe entre deux tours : une hexagonale avec escalier monumental et une carrée plus
récente (XIXe siècle) ; arrivant alors dans la " cour des gardes ". La petite tour
dans un angle du grand bâtiment s'appelle une échauguette. Un très beau pigeonnier
circulaire du XVIe siècle est un peu caché près de la piscine. Inscrit aux Monuments
Historiques depuis 1988, le château est aujourd'hui destiné aux locations saisonnières,
mariages et séminaires. Des activités autour du vin (Madiran et Pacherenc du Vic-Bilh)
peuvent être réalisées. Chai ouvert le week-end avec dégustation et vente. Les promenades
dans les vignobles environnants sont très agréables et on peut admirer à la belle
saison des orchidées sauvages qui s'épanouissent naturellement dans les alentours.
Château d'Arricau (commune d'Arricau-Bordes)
Arudy est une petite cité au sud de Pau. Elle est cernée par un coude du gave d'Ossau,
qui devait former une défense naturelle lors des périodes agitées et belliqueuses
d'autrefois. Le mot Arudy viendrait de la contraction de deux mots basques Harr (pierre)
et Uri (ville), ce qui est fort possible tant la pierre est omniprésente. C'est dans
ce secteur d'Arudy qu'on trouve les premières traces d'occupation humaine du Béarn
avec plusieurs grottes occupées dès la préhistoire et un très beau dolmen datant
du néolithique au village voisin de Buzy. Le beau musée, installé dans une ancienne
abbaye laïque du XVIIe siècle, présente parmi les nombreuses collections, des centaines
de pièces archéologiques découvertes dans le coin. Il conserve jalousement les secrets
d'une formule magique dans laquelle art, nature et histoire sont intimement liés.
Les produits d'extraction du marbre des carrières réputées d'Arudy se retrouvent
sur les piliers, les façades, les encadrements, les fontaines, les lavoirs et même
sous forme d'œuvre d'art au " jardin des carriers ". Dense et résistant au gel, le
marbre gris d'Arudy est le préféré de beaucoup d'artistes sculpteurs. Au centre d'un
enchevêtrement de ruelles et de maisons anciennes surgit la place de la mairie et
l'église Saint-Germain. Des circuits de découverte dans la ville permettent de suivre,
entre autres, les pas de Gaston Fébus. Aux alentours, le paysage du piémont invite
à grimper le long de ses nombreux sentiers pour admirer d'autres cimes encore plus
élevées comme le Pic du Midi d'Ossau. Surnommé Jean-Pierre, ce pic d'origine volcanique
culmine à 2884 mètres. Isolé des autres pics, visible de loin et bien reconnaissable
avec sa masse hérissée de deux pointes et ses parois verticales, il est l'emblème
du Béarn et de l'Ossau.
Arzacq-Arraziguet, au nord de Pau, est né de la fusion de deux villages le 7 septembre
1845. Arzacq, c'est le domaine antique d'Arsius, lieu de peuplement très ancien (oppidum,
puis motte féodale). Arraziguet tire son nom de arrasic (racine) et du suffixe etum
(amas). Au XIVe siècle, une ville-nouvelle (bastide) voit le jour dans le prolongement
Est du village primitif. Les habitants sont alors groupés autour d'une grande place
destinée au marché, l'actuelle place de la République. L'importance commerciale de
ce lieu d'échanges en fait " l'un des plus importants de Guienne " comme le relatent
les écrits anciens. Une seconde place pour le bétail est créée un peu plus tard,
c'est l'actuelle place de Marcadieu. Ces deux vastes places, avec les belles maisons
anciennes à arcades et les imposants bâtiments publics au toit caractéristique de
cette partie du Béarn, sont encore aujourd'hui le cœur battant du bourg. Mêlant patrimoine
historique et beauté touristique, Arzacq-Arraziguet possède des caractères très attachants.
Il suffit de s'immerger dans les rues de la commune ou de prendre un café sous les
arcades pour en capter tous les charmes. La visite de la maison du jambon de Bayonne
et les promenades autour du lac, ou sur des sentiers balisés avec panorama sur le
Béarn et la Chalosse, combleront le visiteur qui sait prendre le temps. A voir aussi
le vieux village de Morlanne et son château à quelques kilomètres vers l'Ouest. Le
roi Louis XIII dit " Le Juste ", successeur de son père Henri IV assassiné en 1610,
fit une halte de deux jours à Arzacq-Arraziguet les 14 et 15 octobre 1620. Ce fut
un événement considérable pour le petit bourg et un tableau de Paul Mirat, exposé
à la mairie, fait mémoire de l'arrivée du souverain. En 1922, la commune parraina
la reconstruction du village de Violaines, dans le Pas-de-Calais, détruit par le
conflit mondial et dont il ne restait plus qu'une seule maison tenant péniblement
debout. Arzacq-Arraziguet emprunta avec d'autres communes du canton d'Arzacq et du
canton de Thèze la somme de 100 000 francs sur 30 ans pour financer une nouvelle
mairie et les écoles de Violaines. La discrète et humble solidarité des Béarnais
n'est pas un vain mot. Ce pan de l'histoire locale était oublié et a été exhumé récemment
par des passionnés du village artésien, qui profitèrent d'un congrès à Pau en 2013
pour visiter Arzacq et tisser des liens.
Asson est une bastide fondée en 1283 par Gaston VII de Moncade sur un promontoire
dominant la vallée de l'Ouzom. Un château-fort est construit sur le castet-nau où
se dresse aujourd'hui l'église. Ce château sera démantelé en 1399. Au nord d'Asson,
un oppidum protohistorique atteste d'une présence humaine dans le secteur bien avant
la création de la bastide. Devenu lieu de culte avec la présence d'un ermitage, on
y a déterré des poteries et des monnaies romaines. Certains historiens pensent que
la présence de la tribu des Lassuni est à l'origine du mot " Asson ", mais ce n'est
qu'une hypothèse. Un château de style renaissance apparaît sur la gauche à l'entrée
du bourg, en venant de Bétharram. C'est le château d'Abère à l'histoire mouvementée.
La tour hexagonale sur un côté est sa partie la plus ancienne. Le châtelain et sa
fille seront assassinés en 1569 pour avoir hébergé au château le sinistre Montgomery,
capitaine des troupes protestantes. Plusieurs familles de maîtres des forges, ayant
fait fortune grâce aux minerais du secteur, ont ensuite possédé la bâtisse. Le nom
de Gaston de Luppé, un des derniers propriétaires, est celui qui revient le plus
souvent. C'est pour cela qu'on l'appelle aussi parfois château de Luppé. L'église
Saint-Martin, de style gothique flamboyant, a été plusieurs fois remaniée. La dernière
fois avec la construction d'un nouveau clocher en 1871. C'est la rescapée des trois
églises qui cohabitaient au moyen âge. A l'intérieur, un bénitier sculpté et un triptyque
peint sont les pièces les plus remarquables. Beau panorama autour de l'église. A
proximité, un imposant monument aux morts ne porte pas moins de 90 noms gravés. Il
est l'œuvre du comte de Luppé, propriétaire du château d'Abère et artiste à ses heures.
Il a réalisé une copie de celui d'Arles où il résidait dans les années 1920-25. Asson
est également connue dans le Béarn et en Bigorre pour son parc zoologique. Outre
les animaux rares et exotiques à observer, une belle serre 1900 provenant de l'expo
universelle de Paris mérite le coup d'œil. On est inévitablement séduit par cette
région. Chaque route, chaque sentier permet de nous rapprocher de la sérénité et
d'apprécier la beauté du piémont.
Il y a dans le Vic-Bilh des choses qui n'ont jamais changé, qui sont liées à la terre,
à l'eau et au soleil et donnent un parfum incomparable au territoire. Aydie, limitrophe
de deux départements (Gers et Hautes-Pyrénées), est un bel exemple. On ne connaît
pas l'origine du nom de cette commune, occupée depuis les temps immémoriaux. Déjà
citée en 1385, elle possédait un édifice fortifié qui protégeait le secteur. Le village
est aujourd'hui composé d'une dizaine de maisons regroupées autour de la mairie et
de l'église au clocher-mur. Cette dernière, romane d'origine ancienne, a été remaniée
aux XVIIe et XIXe siècles. Un peu plus haut dans le village et dominant un coteau,
le château d'Aydie, belle demeure bourgeoise de 1895, surveille son domaine viticole
(Madiran, Pacherenc du Vic Bilh). Une plaque apposée sur l'école communale indique
le lieu de naissance en 1892 de l'écrivain Joseph Peyré. Ses parents étaient les
instituteurs du village. Joseph Peyré obtint le célèbre Prix Goncourt en 1935, deux
ans après son ami André Malraux. Ecrivain voyageur et passionné de tauromachie, son
roman récompensé " Sang et lumières " traite les thèmes de la corrida et de l'Espagne
et sera adapté au cinéma en 1954 avec Daniel Gélin. Auteur de 44 ouvrages dont certains
sont consacrés à son Béarn natal et au pays Basque (Le puits et la maison, De mon
Béarn à la mer basque…), Joseph Peyré a donné son nom au collège de Garlin et à des
rues de Lembeye, Aire-sur-l'Adour et Pau. Les routes tortueuses aux alentours d'Aydie
invitent à explorer encore un peu plus le piémont pyrénéen. Ce terroir de vignes
à perte de vue dispose de nombreux atouts pour séduire ses hôtes : villages dispersés,
plans d'eau, forêts et ruisseaux, panorama sur les sommets. Le temps s'écoule sans
que les traces du passé ne s'effacent de ces collines qui savent vivre au rythme
de la tradition.
Bellocq est situé au nord de Salies-de-Béarn et à l’ouest d’Orthez. Le village est
considéré comme la plus ancienne bastide du Béarn. On peut visiter le château et
la bastide de mai à octobre tous les mercredis de 15h à 18h. Le château date partiellement
du XIIIème siècle.
Bescat est posé sur un amphithéâtre naturel dominant la vallée d'Arudy. Bescat, autrefois
Abescat, signifierait peut-être " terre relevant d'un évêque ", une sauveté comme
le laisse supposer le plan circulaire du village. L'emplacement ensoleillé, plein
sud, est à l'origine du sobriquet des habitants : les " carrassous " (= lézards).
Deux mottes féodales indiquent une occupation ancienne du site, de même que la présence
d'un beau dolmen datant du néolithique au village limitrophe de Buzy. La situation
géographique privilégiée en entrée de vallée valut à Bescat, en lien avec Rébénacq,
un rôle majeur dans l'histoire locale. Le village aux rues pentues laisse admirer
quelques maisons anciennes du XVIIe siècle. L'église Saint-Lizier, épargnée par les
conflits religieux, possède un intérieur remarquable dont une vierge en bois doré
provenant de l'ancienne chapelle détruite en 1978 et deux beaux retables travaillés.
Le château Lavignolle du XVIIe, imposante bâtisse très remaniée au XIXe a été certainement
bâti par l'abbé laïc de Bescat en remplacement d'une ancienne tour ruinée. Il est
ensuite acquis par une riche famille industrielle d'Arudy, les Lavignolle. Devenu
un temps propriété du Conseil Général des Landes qui le transforma en centre de colonies
de vacances, il est depuis retourné dans le domaine privé. Sur les hauteurs de Bescat
passe l'ancien sentier de transhumance allant des estives d'Ossau au Pont-Long, un
chemin vieux de 10 000 ans. Le panorama qui s'offre sur la vallée d'Ossau est à couper
le souffle. Reconnaissable entre tous avec ses pics et ses parois vertigineuses,
le Pic-du-Midi-d'Ossau, culminant à 2884 mètres, attire les grimpeurs depuis les
débuts du pyrénéisme. Table d'orientation près du cimetière.
Une villa aquitano-romaine, au cœur du bourg est à l'origine du nom de Bielle par
transformations successives (Vila, Viele…). Surplombant le gave d'Ossau et traversée
de part et d'autre par l'Arriou Mage qui descend directement de la montagne, Bielle
est une commune du Parc National des Pyrénées. Les amoureux des vieux murs, des fenêtres
à meneaux, des croix et des pierres sculptées trouveront leur bonheur en déambulant
dans les rues du village, autrefois important. Bielle était en effet la capitale
de la vallée d'Ossau. Parmi les nombreuses maisons du XVIe siècle, toutes agrémentées
d'un panneau explicatif, citons la maison Latrille au 25 rue de Bénou où le poète
Saint-John-Perse venait passer ses étés jusqu'en 1910 : " Les montagnes d'Ossau
sont mesurées, mais je les ai aimées les premières. " et la maison Poeymedou aux
personnages évocateurs sculptés. Le château de Bielle, commandité par le banquier
du roi Louis XV pour son cousin germain, a été construit entre 1766 et 1770. Il fallut
couper 600 sapins dans la forêt du Bénou pour la réalisation de la charpente, des
plafonds et des lambris ! L'église Saint-Vivien était l'endroit où se réunissaient
les décideurs de la vallée d'Ossau (jurats) et où étaient conservées les archives.
Edifiée entre 1472 et 1542, elle présente un portail de style gothique flamboyant
où les personnages, anges comme animaux, ont été décapités ; souvenir de la Révolution.
A l'intérieur, les colonnes en marbre du chœur, vestiges de la villa romaine, étaient
convoitées par Henri IV à qui on répondit malicieusement : " Nos vies et nos biens
sont à vous, Sire ; mais les colonnes sont à Dieu ! Arrangez-vous avec lui ! ".
Bielle est situé au pied du col de Marie-Blanque, long de 11 km. C'est un haut-lieu
du pastoralisme où les brebis en liberté fournissent le lait pour le fameux fromage
Ossau-Iraty. A voir, dans la montée du col, le village de Bilhères-en-Ossau et, surtout,
les cromlechs du plateau du Bénou. Ceux-ci, au nombre de 16, sont des cercles de
pierres datés de -700 avant notre ère. Mystérieux et placés généralement sur des
sites d'une beauté exceptionnelle, ils pourraient avoir été des lieux de rassemblements
ou de cérémonies. Lors de cette balade familiale au milieu de panoramas splendides,
seuls résonnent les cloches des troupeaux dans les estives et les cris des oiseaux
rapaces. A voir aussi dans le secteur, la falaise aux vautours d'Asté-Béon et le
village de Castet dont le vieux château en ruine et le plan d'eau évoquent un peu
les beaux paysages d'Ecosse.
Bosdarros
Bosdarros est perché sur un territoire accidenté et boisé, entrecoupé de nombreux
vallons. Bosdarros signifie " dans les bois d'Arros ". C'est un village fleuri et
entretenu, à la vue bien dégagée sur la campagne environnante. Joli puits près de
la mairie. L'église Saint-Orens, du XVI siècle, a été restaurée et transformée successivement
à travers les époques. Les éléments architecturaux les plus intéressants sont les
deux portails dont la réalisation est estimée aux alentours de 1520. A noter qu'en
janvier 1734, le froid fut si rude et intense dans le secteur que la cloche de l'église
gela et rompit ! Une promenade conduit les marcheurs à la fontaine du bois où un
sentier botanique, avec panneaux pédagogiques sur la flore, a été aménagé.
Chapelle de Piétat
Sur le coteau qui fait face à la mairie de Bosdarros se trouve la chapelle Notre-Dame
de Piétat (commune de Pardies-Piétat). D'abord édifiée en 1661, la chapelle est intégralement
reconstruite entre 1874 et 1885. La décoration intérieure, tableaux et vitraux, est
signée d'artistes régionaux réputés. Le sanctuaire est localement associé à la protection
des récoltes et, en 1961, eut même lieu une procession d'agriculteurs pour la bénédiction
des tracteurs ! Le site est très fréquenté par les catholiques pour la chapelle bien
sûr, mais aussi son calvaire et son chemin de rencontre sur les traces de Marie.
Les promeneurs profitent également du calme de ce site remarquable, des splendides
panoramas (table d'orientation à proximité du calvaire) et du restaurant " Le Notre-Dame
". Belle vue sur Bosdarros à l'entrée du sanctuaire.
Bruges a fusionné avec les deux autres communes, plus petites, le 1er janvier 1973
pour former une nouvelle entité. Cette bastide fondée probablement en 1346 brûla
peu de temps après. La ville est aussitôt reconstruite avec une nouvelle charte datée
de 1357. On lui attribua le nom de Bruges en hommage à la Bruges des Flandres. Les
débuts de son développement furent difficiles mais la population finit par s'y implanter
durablement, surtout avec l'installation d'industries de la laine et de l'espadrille.
Bruges possède, comme nombre de bastides, une vaste place carrée et des rues à angles
droits. Son église Saint-Martin est excentrée volontairement pour laisser le marché
sur la place centrale. Le premier édifice religieux est incendié en 1569 pour être
reconstruit en 1600. De cette époque subsistent la haute tour-clocher et le portail
gothique flamboyant caractéristique des églises du Béarn au XVIe siècle. L'accroissement
de population au cours des deux derniers siècles explique l'agrandissement et les
vastes proportions du bâtiment. Sur la place de Bruges, la mairie-halle accroche
tout de suite le regard. C'est un édifice imposant de 1898, à la fois marchand et
administratif, qui en remplaça un autre. Les maisons de la place ont gardé les mêmes
alignements originels de la bastide et certaines, notamment à arcades, semblent assez
anciennes. Le poilu du monument aux morts, casque à la main comme s'il était devenu
inutile et bras tendu en signe de victoire, semble saluer tous les visiteurs du Béarn.
Sur ces chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, une halte à l'église saint-Michel
de Mifaget s'impose. C'est une église romane du XIIIe siècle comportant une rareté
: une petite crypte en coupole. La campagne environnante est un milieu aux multiples
visages où les cours d'eau du Béez et du Landistou, les pâturages et les forêts se
rejoignent dans une profusion de couleurs chatoyantes en toutes saisons, particulièrement
quand les sommets enneigés se détachent à l'arrière-plan.
Village perché dans le Vic-Bilh et déjà mentionné au XIe siècle, Cadillon tire son
nom du domaine antique de Catilius. Fief appartenant aux vicomtes de Béarn, Cadillon
défendait son territoire grâce à son château sur motte. Le château n'est plus ; une
église a pris sa place sur la motte féodale utilisant les bases de l'édifice fortifié.
L'église romane Saint-Martin à portail gothique est le seul monument susceptible
d'attirer le visiteur dans ce petit bourg qui ne compte qu'une poignée de fermes
béarnaises. Son intérieur est tout en sobriété à l'image de l'autel de pierre. Les
vitraux colorés ont été réalisés par l'atelier réputé du maître-verrier Mauméjean
de Pau en 1882. La place de l'église porte le nom de 18 mars 1814. Une bataille sanglante
se déroula à cet endroit entre les troupes napoléoniennes et l'armée conduite par
Wellington. Au petit matin, les troupes du Duc de Wellington, assoupies sur les contreforts
du château furent surprises par celles du général Harispe qui stationnaient tout
près. De nombreux morts furent à déplorer du côté anglais qui connut une débandade
certaine. Une reconstitution grandeur nature de cet événement, avec costumes d'époque,
canons et fusils à silex, commémora le bicentenaire en 2014. Au sud-est du village
se niche le lac de Cadillon dans un environnement vallonné et boisé. Les eaux du
Lisau, retenues pour l'irrigation du maïs, offrent au marcheur un décor de rêve.
Le sentier " entre crêtes et vignoble " permet plusieurs heures de marche face aux
Pyrénées. Cela représente des milliers de pas en harmonie avec la nature dans des
paysages souvent grandioses en surplombant le miroir d'eau.
Coarraze est un gros bourg rural situé au cœur du Béarn, sur les rives du Gave de
Pau. Le lieu est agréable avec la présence de forêts, de nombreuses sources, trois
lavoirs rectangulaires, un canal et un vieux pont construit en 1746. Le nom Coarraze
pourrait tirer son nom de promontoire, butte où le château a été édifié. L'église
gothique achevée en 1534 a connu, comme toutes les autres de la région, les tourments
de l'Histoire. On peut y admirer aujourd'hui un portail flamboyant en accolade sur
sa façade ouest, des clés de voûte sculptées et la tour carrée servant de clocher.
Ce dernier fut surélevé de 11 mètres en 1749. Plusieurs usines traditionnelles de
tissage et de fabrication de meubles se sont implantées sur la commune au fil du
temps. Un lycée des Métiers d'art s'évertue à perpétuer ce savoir-faire. Coarraze
est réputé pour son château situé sur une hauteur, bien visible depuis le pont jeté
au-dessus du Gave de Pau. Incendié en 1505 puis à nouveau en 1684, un château d'apparat,
dit château de Dufau, fut reconstruit en 1755 dans le style classique. Seule une
vieille tour pentagonale du XIVe siècle, rappelant l'intérêt défensif du site, est
parvenue à traverser les siècles. C'est dans ce domaine qu'a été élevé Henri IV enfant.
Le séjour du futur roi à Coarraze ne dura que quelques années, mais il forgea la
légende d'un roi élevé parmi les paysans. Le portail d'entrée affiche une inscription
fataliste en espagnol " lo que a de ser no puede faltar " : Ce qui doit arriver ne
peut manquer, rappelant les paroles d'un seigneur espagnol réfugié au château et
assassiné peu après. Le bel édifice est privé mais des visites guidées sont organisées
à la belle saison à partir du 14 juillet.
Chaque recoin, chaque vallée du piémont pyrénéen, recèle un nouveau site chargé d'histoire.
Conchez-de-Béarn en est un des plus beaux exemples du Vic-Bilh (= vieux pays en béarnais).
Situé au nord de Lembeye, Conchez occupe une position défensive dès le moyen-âge
avec son château de bois sur motte, ceinturé de fossés et d'une palissade. Dès l'an
mille, une église romane en pierres, est édifiée à l'est du village dans la vallée
du Lisau. Signalée en ruines en 1620, elle avait été remplacée par une autre église
sur la motte du château. Celle-ci sera également démolie ; c'est l'emplacement du
cimetière. Une troisième église, l'actuelle, est consacrée en 1771. Elle emploie,
sur un bas côté extérieur, le chrisme de la première église. Le patrimoine bâti autour
de la place du fronton et de la mairie, est en tous points remarquables. Les grandes
fermes et les maisons de pierre, aux toits couverts de tuile plates caractéristiques
du Béarn, témoignent de l'amour des habitants à leur terre. Datées du XVI au XIXe
siècle, elles offrent au promeneur le sentiment de marcher dans un décor de cinéma.
Souvent de belle facture, les maisons sont le témoignage d'une certaine aisance à
Conchez, lorsqu'au XVIIIe siècle, marchands, médecins, notaires et autres notables
choisirent le bourg pour leurs quartiers d'été. La mémoire de ce lieu résidentiel
autrefois prestigieux est entretenue par une association dynamique du village qui
propose des visites commentées, des dépliants, des soirées jazz. Des sentiers à
travers vignes et forêts dévoilent de magnifiques points de vue et peuvent permettre
de rejoindre deux fontaines, celle de Paul et celle du Buc, rustiques et plusieurs
fois centenaires,
Gan est une bastide fondée en 1335. A l'instar de Bruges, elle s'inspira d'une ville
flamande prospère pour se nommer. Edifiée autour d'une place carrée de 80 mètres
de côté avec des rues perpendiculaires, la ville-nouvelle s'est très vite étendue
vers le sud à tel point qu'elle était plus peuplée que Pau en 1385. Au centre de
la place se trouve la grande mairie-halle aux nombreuses ouvertures. La porte nord
dite " Porte de la Prison " est le seul vestige de l'enceinte originelle. Construite
en 1371, c'est la plus ancienne porte de ville conservée dans le département des
Pyrénées-Atlantiques. Gan en possédait trois qui étaient fermées par une herse métallique.
Les canaux et fossés ont été comblés en 1960. Au XVIe siècle, un incendie ravagea
le bourg. La reconstruction nous offre trois belles maisons dans le style renaissance,
incorporant une tourelle avec un escalier en vis qui permet d'accéder aux étages
: La maison d'Arrac (1542), la maison d'Andoins (1593) et le château Marca. Cette
dernière bâtisse, agrandie en 1635, a vu naître en 1594 Pierre de Marca l'historien
du Béarn et Archevêque de Paris. Le château Marca est devenu un établissement d'enseignement
catholique. A proximité se trouvent de beaux encadrements en ogive. Le rythme paisible
de la vie rurale a été en partie modifié au XVIIe siècle par le succès des vertus
thérapeutiques de l'eau de Gan qui a donné lieu à la création des bains de Broca
en 1748. La vogue de ces eaux s'est estompée au XIXe siècle mais les bains ont heureusement
été restaurés et sauvés de la ruine en 1993. L'église Saint-Barthélémy est construite
sur une place adjacente en diagonale de la place centrale, comme il était d'usage
pour les bastides. Inaugurée en 1844 en remplacement de la vétuste église Saint-Jean,
elle a été grandement restaurée après 1918. Elle comporte une collection d'une vingtaine
de vitraux des maîtres verriers Mauméjean. L'église présente en façade un monument
aux morts avec mosaïque, ce qui est une rareté. Le bourg, baigné par le Néez, est
implanté dans un écrin de verdure. Le panorama étendu, avec au premier plan les coteaux
boisés ou les vignobles de Jurançon, offre beaucoup de charme. La vigne tient aujourd'hui
encore une place importante dans l'économie locale, de même que le miel avec l'implantation
en 1998 de la miellerie Michaud, leader sur les marchés français et européens des
produits de l'apiculture. Parmi les nombreux châteaux du secteur de Gan, le château
Tout-y-Croît (hameau de Gelos) est l'un des plus beaux. Jeanne d'Albret possédait
une excellente terre sur laquelle elle aurait édifié un château et développé plus
particulièrement la culture de la vigne. La légende veut qu'un jour la reine Jeanne
se serait exclamée : " Mais tout y croît donc sur cette terre ! ".
Marguerite de Béarn fonde une bastide en 1302 sur un lieu occupé depuis l'âge de
bronze. Il s'agissait, pour la vicomtesse, de renforcer les frontières de son territoire
face à la présence anglaise. Surnommé " Porte du Béarn ", Garlin est alors ceinturé
de palissades et de fossés, l'accès à la ville-nouvelle ne se faisant que par trois
portes fortifiées. Aujourd'hui limitrophe du département des Landes, Garlin, situé
sur les rives du Lées et du Gabassot, signifierait " lieu humide et marécageux ".
Le monument principal de la commune est le château Hiton (XVII et XVIIIe), acquis
vers 1950 pour être transformé en mairie au centre du bourg. Son toit en tuiles plates
du Vic-Bilh, sa cheminée armoriée, sa fontaine intérieure et ses boiseries Louis
XV lui donnent une importante valeur patrimoniale. L'agréable parc, devenu lui-aussi
municipal, abrite des arbres remarquables et les vestiges d'un pilier de l'ancienne
bastide. Centre protestant très actif au XVI siècle, Garlin se catholicise progressivement
à partir de 1696 avec la fondation d'un couvent de Capucins, qui fut transformé en
mairie après la Révolution, puis en logements aujourd'hui. L'église romane Saint-Jean,
démolie en 1860, montre encore la muraille de son abside au cimetière. Lui succéda
l'église Saint-Jean Baptiste actuelle, au clocher carré, à la haute flèche élancée
et aux intéressants vitraux. L'ancien hospice Saint-Pierre, aux murs blancs lumineux,
a accueilli de nombreux blessés de la Première Guerre. Il porte sur son fronton le
millésime 1883. Siège de la mairie en 1923, puis maison de retraite de 1967 à 2005,
c'est depuis 2011 la médiathèque, lieu de vie incontournable de Garlin où rencontres
et animations se succèdent pour le plaisir de ses habitants. A voir aussi à Garlin
le passionnant musée associatif des vieux outils " L'Arasclet ", les fontaines, les
lavoirs et une ancienne gare. Forte place taurine depuis au moins 1811, Garlin organisait
des " courses " d'abord sur les places cernées de chars à foin, puis dans des arènes
démontables. Les arènes en dur prennent place sur le site actuel en 1947. Outre la
traditionnelle tauromachie, l'enceinte a accueilli des concerts de vedettes de la
variété (Jo Dassin, Mireille Mathieu, Michel Fugain…) et les fêtes scolaires. Le
lac artificiel du Gabassot, avec son imposante digue, a été créé pour l'irrigation
du maïs, culture dominante en Béarn. Devenu un lieu de promenade, son tour complet
de 4 km s'effectue en une heure environ. Par moments, la vue se dégage sur le Pic-du-Midi-d'Ossau
ou sur les sommets enneigés du Béarn et de la Bigorre. Chevreuils, écureuils et bien
sûr poissons ont investi les lieux, pour le bonheur de tous.
Ce petit village béarnais, situé à 5km de Navarrenx, présente un bel ensemble de
demeures cossues et de belles propriétés près de son église Saint-Martin, dont le
portail indique 1822, date de sa reconstruction. Au fil du temps, petits et grands
événements ont forgé l'identité de Gurs pour lui donner son caractère unique. C'est
un site isolé au sud-est du village qui est choisi au printemps 1939 pour y établir
un camp d'internement. En à peine 40 jours, 13 îlots comprenant chacun 25 baraquements,
surgissent au milieu de nulle part. C'est le camp de Gurs. 60000 hommes, femmes et
enfants vont s'y succéder sous différents statuts (républicains espagnols, brigadistes
d'abord puis indésirables et enfin juifs non français) mais tous connaîtront la souffrance
et le malheur derrière les barbelés. C'est alors un des plus vastes camps d'internement
en France, long de 2km, et la troisième " ville " du département derrière Pau et
Bayonne. Plus de 1000 personnes, notamment les plus âgées, vont mourir sur place,
principalement de froid, de faim ou d'épuisement moral. De 1940 à 1944, de nombreux
juifs internés à Gurs sont transférés à Drancy, puis au camp de la mort d'Auschwitz
d'où ils ne reviendront jamais. S'il ne reste presque plus rien du camp d'origine
démantelé en 1946, une visite libre du mémorial est aujourd'hui possible sur place.
Un bâtiment d'accueil propose d'abord un film explicatif, puis un sentier de mémoire
mène à l'émouvant cimetière. Des reconstitutions de baraquements et des panneaux
explicatifs permettent de ressentir le traumatisme profond de ces pauvres gens. Compter
deux heures pour une visite poignante et inoubliable. Le recueillement est favorisé
par la beauté majestueuse des hauts sommets en arrière-plan. Ici, le passé et le
présent s'unissent. Aux alentours, des paysages variés se succèdent mais forment
en réalité les chapitres d'une même histoire, celle de l'humanité.
Laàs, ancienne baronnie au sud d'Orthez, est un petit village à l'étymologie incertaine.
Son histoire remonte à des temps lointains puisque la commune était déjà citée en
l'an 1205. Tailleurs de pierre et ateliers de poterie ont longtemps fait la réputation
de Laàs. Ponts, cathédrales, hôtels et autres casernes de la région ont bénéficié
du savoir-faire de ces artisans d'exception. En 2014, manifestant son mécontentement
d'intégrer les nouvelles Communautés de Communes, Laàs s'est érigée symboliquement
en Principauté autonome ! Mais ici, tout se passe dans la bonne humeur et le sourire.
Le visiteur est accueilli à l'entrée du village par un poste de douane et peut même
se procurer passeport et monnaie de Laàs. Pour ne pas faire les choses à moitié,
le petit village possède son drapeau, son " Laas vegas boulevard " et même le centre
du monde devant l'église ! A Laàs, la devise est " Les pieds sur terre, la tête dans
les étoiles ". Le village est fleuri, superbement entretenu et réserve d'excellentes
surprises humoristiques et culturelles. Belle chapelle du IXe siècle restaurée récemment.
Table d'orientation. Le fleuron de Laàs est son château, agrémenté de beaux jardins.
Le droit d'entrée permet de participer à plusieurs heures d'énigmes en famille ou
entre amis, ou d'admirer les superbes collections du musée. D'originales activités
dans le parc du château se répètent chaque année : Les 3 heures de la brouette (course),
la fête du maïs ou encore le festival musical Les transhumances, qui réussit à attirer
les plus grandes personnalités de la chanson. Notre conseil : si vous ne passez pas
par ici, passez par Lààs !
Plusieurs historiens s'accordent pour voir dans le nom de Lembeye un dérivé de "
l'enveja " (= l'envie). Dans une position stratégique de ville-frontière du Béarn
face à l'Armagnac et à la Bigorre, Lembeye a été fortifié au cours du XIVe siècle,
devenant la capitale du Vic-Bilh. Parmi les vestiges de cette époque subsiste une
haute tour qui faisait office à la fois de porte de ville et de prison. Une herse
métallique en bloquait l'accès. Le " chemin des hautes promenades " permet de déambuler
sur l'emplacement des remparts disparus. Il est bien visible vu du ciel, allant de
l'église à la haute tour. Lembeye s'est ensuite étendu dans toutes les directions,
notamment vers l'Ouest avec une vaste place triangulaire destinée au marché. Cité
protestante, Lembeye est incendié en 1569 par les troupes catholiques. Le patrimoine
bâti du bourg est donc essentiellement postérieur à cette date. L'église Notre-Dame-de-l'Assomption
est le plus grand édifice gothique du Vic-Bilh. Elle possède quelques éléments datant
de la fin du XVe-début XVIe. A ses côtés est posé un imposant Monument aux morts,
puis à quelques mètres le buste, signé Gabard, du docteur Doléris qui fut Président
de l'Académie de médecine et ancien maire de 1900 à 1935. La place de Lembeye impressionne
par ses dimensions. C'est dans une des maisons qui la borde que naquit en 1852 le
docteur Doléris. L'Hôtel-de-ville, imposant bâtiment tout en longueur, date également
de 1852. Il abritait autrefois la halle dont les arcades sont aujourd'hui vitrées
ou murées. Une nouvelle halle, dont les alentours sont joliment fleuris, est plus
centrale. Un peu plus loin, une croix métallique s'élève depuis 1773 sur son socle
de pierre. Au nombre de sept et disséminés un peu partout dans le village, puits,
lavoirs et fontaines sont appelés localement " canettes ". La promenade peut se terminer
par le chemin de l'ancienne ligne de chemin de fer Lembeye-Pau transformé en sentiers
de randonnée et qui permet de découvrir quelques ouvrages d'art. Les coteaux pentus
et secs laissent observer une flore méditerranéenne, spécifique au secteur. Le dicton
" Lembeye, tots que l'envejan " (Lembeye, tous l'envient !) prend ici toute sa valeur.
Lestelle, c'est l'étoile. Bétharram, c'est le beau rameau. D'après la tradition,
une jeune fille tombée dans le Gave, invoqua la Vierge au moment où le torrent allait
l'engloutir. Soudain un beau rameau se trouva miraculeusement sous sa main, et elle
regagna la rive. En reconnaissance, elle plaça une branche d'arbre en or sur l'autel
de la protectrice, et le nom de Bétharram fut adopté. Plusieurs légendes sont à l'origine
de la dévotion à Notre-Dame en ce lieu. Voici le premier événement : Vers 1200, des
jeunes bergers gardaient leur troupeau sur le bord du gave, lorsqu'ils aperçurent
une lumière brillante à l'endroit où est aujourd'hui la chapelle latérale nommée
" del Pastoure ". En s'approchant, ils virent une statue de la Vierge et furent d'abord
terrifiés. Bientôt toute la population se rassembla. Malgré la difficulté du travail,
on construisit un oratoire à cet endroit. La dévotion s'étendit rapidement, et le
sanctuaire fut renommé pendant tout le moyen âge. Du plus loin qu'on apercevait la
chapelle, on se jetait à genoux. On ne devait approcher qu'un cierge allumé à la
main. Il s'agissait de Notre-Dame de l'Etoile (qui a donné son nom à Lestelle). Le
sanctuaire est ravagé en 1569 par les huguenots de Montgomery. Mais un deuxième événement
intervient en juillet 1616. Peu de temps après l'inauguration de nouveaux bâtiments
et l'installation d'une grande croix sur le roc le plus élevé, un miracle saisissant
arriva. Cinq ouvriers étaient assis sur un tertre, en face de Bétharram, et prenaient
leur repos de midi. Tout à coup, un grand bruit se fit entendre et, dans un tourbillon
violent, la grande croix se pencha jusqu'à terre. Mais la croix se releva aussitôt
dans une lumière éblouissante. C'est Notre-Dame du Calvaire, à l'origine du beau
chemin de croix, dont les bas-reliefs d'Alexandre Renoir, frère du célèbre peintre
impressionniste, sont de véritables chefs-d'oeuvre. En 1845, le sanctuaire de Bétharram
est placé sous la direction des pères de Garaison. Michel Garicoits, dernier supérieur
du couvent de Bétharram, lui redonne vie et prospérité. Il s'y dépense sans compter.
Dans tout le pays, Michel Garicoits est alors considéré comme un saint. Il a été
canonisé le 6 juillet 1947. Le patrimoine religieux de Bétharram impressionne croyants
et non croyants. Le village en lui-même mérite le détour. C'est une ancienne bastide
fondée en 1335 avec sa grande place centrale et quelques bâtiments à l'architecture
remarquable. A quelques kilomètres, en direction de Saint-Pé, les visiteurs se pressent
pour les célèbres grottes de Bétharram. Ici, les eaux souterraines ont façonné la
roche au cours des millénaires créant une collection impressionnnante de sculptures
naturelles.
Sur un territoire vallonné nommé primitivement " Villam de Luco " (du latin lucum
: bois, forêt), à quelques kilomètres au nord-ouest d'Oloron, le duc Guillaume Sanche
de Gascogne fonde vers 970 l'abbaye bénédictine Saint-Vincent. Lucq devient alors
un village très important du Béarn et c'est ici que sont accueillis à plusieurs reprises,
de 1287 à 1289, le roi d'Angleterre Edouard 1eret la reine, venus régler des différends
territoriaux. En 1569, l'abbaye est saccagée par les troupes protestantes mais les
ruines des bâtiments monastiques qui sont restées debout laissent deviner son importance
et sa beauté, avec notamment une grande tour de 26 mètres, octogonale à la base puis
cylindrique au sommet. L'église abbatiale Saint-Vincent est une construction qui
s'est étalée du XIIe au XVIIe siècle. A l'intérieur, plusieurs œuvres se laissent
admirer mais le joyau est un magnifique sarcophage chrétien en marbre blanc sculpté
du Ve siècle, qui sert aujourd'hui d'autel. Plusieurs scènes de l'évangile y sont
représentées comme la multiplication des pains, Adam et Eve ou Lazare dans son tombeau.
Les historiens s'interrogent sur l'origine de cette pièce très ancienne dans l'église
: le sarcophage provient-il d'un édifice disparu ou est-ce un apport extérieur ?
Quant au bourg, il est composé de fermes béarnaises et de maisons anciennes qui s'étalent
de la place à la grande-rue, formant avec la fontaine fleurie un ensemble pittoresque.
La belle mairie-halle date du XIXe siècle. Vers 1850, la commune va doucement péricliter
avec un important exode vers l'Argentine. La perte de nombreux jeunes en 1914-18
va finir de lui enlever ses forces vives. A Lucq-de-Béarn, les occasions de s'arrêter
ne manquent pas. Les vestiges du passé sont toujours là et les vielles pierres ne
demandent qu'à parler.
Mascaraàs-Haron est un paisible village longé à l'Ouest par les eaux de Lées et
à l'Est par celles de la Boulise. Mascaraàs tire son nom du domaine antique de Mascarus
et fusionna avec Haron en 1831. La visite du village, constitué par une poignée de
corps de ferme du XVIIIe siècle, est rapide. Le château de plaisance, construit aux
XVI et XVIIe siècles, s'affiche à juste titre comme le centre d'intérêt principal
de la commune. L'ensemble du domaine, encore habité et ouvert à la visite à la belle
saison, est inscrit aux Monuments historiques. L'intérieur d'une douzaine de pièces,
composé essentiellement de salons, de chambres et d'une cuisine étonnante, présente
un exceptionnel décor où marbres d'Arudy, cheminées, boiseries, œuvres d'art et papiers
peints d'époque rivalisent d'excellence. Les jardins variés font goûter la douceur
de vivre de la noblesse dans un temps où les principales valeurs s'exprimaient par
le luxe, l'art et la galanterie. Très intéressant pigeonnier polygonal daté de 1886.
Juste à côté du château, l'église du village s'est édifiée, sur un plan roman, à
l'emplacement de l'ancienne chapelle du château. Elle porte le millésime 1780 en
chiffres romains sur un côté de l'entrée. En poussant la porte, quelques curiosités
attirent le regard comme une colonne en réemploi dans le bénitier, des fonds baptismaux
au couvercle clouté ainsi que la pierre tombale des châtelains, inscrustée dans un
mur.
Montaner est surtout connu pour son château qui protégeait autrefois le Béarn, à
l'imposant donjon, haut de 40 mètres, émergeant du paysage au milieu des bois et
des cultures. Dès le IXe siècle, un seigneur dénommé Aner, avait fait construire
un " castellum " sur un mont, ce qui laissa son nom à la commune. Puis un château
fort le remplaça, achevé en 1380 sur l'initiative du célèbre Gaston Fébus, et édifié
notamment par une population de " rejetés " : les Cagots. C'est ce château que l'on
peut visiter aujourd'hui. Au-dessus de la porte, le blason de Foix-Béarn porte la
devise : " Fébus mé fé " : Fébus m'a fait. Les centaines de milliers de briques nécessaires
à la construction du donjon, dont les murs sont très épais, étaient cuites sur place.
C'est très rare pour l'époque et nous ne connaissons que peu d'ouvrages de cette
importance entièrement construits en briques dans notre région (Châteaux de Montaner
et Morlanne, Citadelle de Perpignan, églises de Toulouse). Ce matériau était plus
utilisé en Espagne ou dans le nord de l'Europe. Un bel effort est à fournir pour
venir à bout des cinq étages du château de Montaner à l'aide des 186 marches d'interminables
escaliers en colimaçons, mais un magnifique panorama sera la récompense. Au mois
de juillet, les Médiévales attirent un public qui repart ravi, enchanté par les spectacles
et les animations dans la vaste enceinte circulaire. Prenez un peu de temps pour
la visite du village de Montaner. L'église saint-Michel, remarquable par sa construction,
abrite à l'intérieur des fresques de toute beauté, peintes du XVIe siècle. Cette
église et plusieurs autres restent à découvrir dans les nombreux hameaux du territoire
communal (pour les visites de l'église, se renseigner au château, départ à 14h).
Morlaàs fut un temps la capitale du Béarn, après Lescar mais avant Orthez. Son âge
d'or dura du Xe au XIIe siècle environ. Morlaàs disposait de ses propres droits et
privilèges retranscrits dans un document appelé For de Morlaàs. On y frappait la
monnaie dite " livre de Morlaàs ", très recherchée aujourd'hui par les collectionneurs.
C'est une commune paisible, au cœur de beaux paysages de campagne. Les rives du Luy-de-France
et du Luy-de-Béarn, les espaces cultivés variés le long de routes pittoresques offrent
un cadre apprécié. Un ensemble bâti d'anciennes fermes, de moulins ou de demeures
cossues, donnent un cachet indéniable. Des restaurants à la table réputée permettent
de savourer la gastronomie locale. Quelques monuments méritent un coup d'œil comme
les maisons anciennes en face de l'église ou le monument aux morts signé Gabard.
A la sortie de la commune, après le rond-point (direction Lembeye), la fontaine du
Paradis était utilisée autrefois par des exclus de la société, dont l'histoire passionne
les chercheurs : les cagots . Aujourd'hui, le centre d'intérêt principal de la commune
est son église romane Sainte-Foy avec un superbe portail classé monument historique
dès 1841, tourné vers l'ouest. De nombreux curieux viennent l'admirer, notamment
les pèlerins sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Notre conseil : venir
en fin d'après-midi afin de profiter d'une belle lumière au soleil couchant sur le
portail et le clocher-mur à fronton triangulaire. Un centre d'interprétation de ce
riche patrimoine, présentant de belles pièces d'archéologie, est indiqué à l'office
de tourisme, place de la mairie.
Communes du 64 à découvrir
autour de Pau
Petite promenade hors des limites du 65 pour découvrir une sélection de 38 communes
attrayantes des Pyrénées-Atlantiques autour de Pau (Béarn, Vic-Bilh…). Bonne visite
!
Aren
Arricau-Bordes
Arudy
Arzac-Arraziguet
Asson
Aydie
Bellocq
Bescat
Bielle
Bosdarros
Bruges-Capbis-Mifaget
Cadillon
Coarraze
Conchez-du-Béarn
Gan
Garlin
Gurs
Laàs
Lembeye
Lestelle-Bétharram
Lucq-de-Béarn
Mascaraàs-Haron
Montaner
Morlàas
Morlanne
Navarrenx
Nay
Ogeu
Oloron-Sainte-Marie
Orthez
Pau
Rébénacq
Salies-de-Béarn
Sauveterre-de-Béarn
Taron
Thèze
Viven
Morlanne est situé en terre de Soubestre, entre Orthez et Aire-sur-l'Adour. Son nom
viendrait du latin mor lana : sommet sur la lande. Des routes touristiques, bénéficiant
de vues étendues, traversent des coteaux boisés et les rives du Luy-de-Béarn. Pendant
la guerre de cent ans, Gaston Fébus met en place un réseau de fortifications. C'est
à cette époque, en 1373, qu'il fait construire le château, destiné à son demi-frère
Arnaud Guilhem de Foix, à la place d'une plus ancienne construction. Ce bâtiment,
conçu sur un curieux plan heptagonal (sept côtés), présente un donjon tout en briques.
Raymond Ritter, personnalité locale bien connue, et son épouse Hélène l'achètent
en 1969. Le couple commence à le restaurer dès 1970 le sauvant ainsi de la ruine,
puis ils le léguèrent au département qui le gère et l'entretient aujourd'hui. Le
château est inscrit aux Monuments Historiques depuis 1975 et ouvert pour une visite
intéressante à l'aide de présentations astucieuses et dynamiques. Riche collection
d'œuvres d'art et d'objets anciens, beaux jardins à la Française et départ de sentiers
balisés. La commune s'est développée dans la rue qui mène au château. Beaucoup de
témoins de cette époque reculée se laissent admirer : des maisons anciennes des XVe
et XVIe siècles, une résidence seigneuriale appelée " maison Belluix " ainsi que
la très ancienne église Saint-Laurent. Cette église, de forme allongée, fut fortifiée
au XIVe siècle avec un clocher crénelé et des tourelles à meurtrières. On y trouve
plusieurs sculptures originales. A la saison estivale, le visiteur déambule dans
les rues fleuries parmi les maisons à colombages aux toits caractéristiques du Béarn,
se rafraîchit aux fontaines ou dans des cafés au style original, puis déguste peut-être
des spécialités au marché rural du jeudi après-midi.
Navarrenx, qui signifierait limitrophe de la Navarre, est une bastide érigée en 1316
par les vicomtes de Béarn avec le droit de se fortifier. Henri II d'Albret améliora
la protection de la cité entre 1538 et 1547 par une enceinte bastionnée et Navarrenx
put ainsi résister les mois nécessaires pendant son siège des guerres de religion
(1569). Etape importante sur le chemin de Compostelle, pèlerins et visiteurs découvrent
avec émerveillement l'état de conservation de la cité et de ses remparts. De beaux
édifices apparaissent en flânant au gré des deux rues principales et de leurs places.
Navarrenx se classe parmi les plus beaux villages de France. Un arrêt s'impose dans
l'ancien arsenal (1680) où se trouve le centre d'interprétation de l'histoire de
la cité médiévale. L'église gothique Saint-Germain est achevée en 1562, mais son
clocher est plus récent. Le Roi Louis XIII assista à une messe solennelle le 18 octobre
1620. Porte des cagots, parvis en " calade " de galets, belles maisons autour de
l'église. En s'éloignant un peu des deux rues principales, on peut découvrir la poudrière
(1580) et son canon, le théâtre des échos dans le bastion qui défendait l'ancienne
porte St-Germain, une intéressante fontaine militaire en contrebas d'un escalier
monumental de 21 marches. En passant par la belle porte Saint-Antoine, une promenade
vous mène en cinq minutes sur les berges du Gave d'Oloron. Là apparaît le pont ancien
à trois arches : daté de 1289, il fut reconstruit en 1583 puis élargi en 1988. Les
amateurs de pêche sportive s'y réunissent régulièrement pour le championnat du monde
de pêche au saumon. La promenade peut être culturelle ou romantique, tel Franz Liszt,
le célèbre compositeur, qui eut ici en 1828 une liaison passionnée avec Caroline
de Saint-Cricq, son premier amour de jeunesse. Navarrenx est un concentré d'histoire
et de beauté au sein d'un territoire très attachant.
Bastide créée en 1302 sur un lieu d'habitation déjà existant, Nay est presque entièrement
détruite à l'époque médiévale par plusieurs incendies, mais tel le phénix elle renaît
à chaque fois de ses cendres. A mi-chemin entre Pau et Lourdes, Nay offre un cadre
de vie merveilleux avec vues sur les Pyrénées et architecture remarquable. Les agréables
mais néanmoins redoutées rives du Gave de Pau et du canal de la Gaou sont à l'origine
de l'étymologie de Nay, pouvant signifier lieu humide. Le plan en damier de la vieille
ville est régulier avec halle et place centrale à arcades. Depuis le XIVe siècle,
un marché s'y déroule sans interruption et c'est un des plus importants de la région
(mardi et samedi matin). Sur la grand-place, juste à côté de l'imposante mairie-halle
datée de 1839, se dissimule un incroyable hôtel particulier du XVIe siècle dit "
la Maison carrée ". Cette merveille architecturale de la Renaissance, qui a appartenu
à un riche marchand drapier, est un lieu d'expositions temporaires. Elle abrite aussi
un intéressant musée de l'industrie qui permet de découvrir une collection de machines
de travail du textile et du bois. A visiter aussi au nord de la commune le musée
du béret. L'église Saint-Vincent au clocher de 33 mètres, comporte encore un mur
et une cloche qui sont antérieurs à la création de la bastide ! Sa position légèrement
excentrée est destinée, à l'origine, à favoriser le commerce sur la place centrale.
Le haut clocher a été utilisé comme tour de guet défensive, avec salle de garde et
chemin de ronde. Le point d'orgue de la saison estivale à Nay, fin août, sont les
célèbres fêtes qui durent cinq jours avec feu d'artifice quotidien sur les berges,
bandas, défilé de chars… Bref beaucoup d'animations et de convivialité. Inoubliable
et attachante cité !
Le nom d'Ogeu, petit village à mi-chemin entre Oloron et Arudy, est connu de tous.
En effet, la société Ogeu exploite des boissons minérales depuis 1820. L'histoire
commence par la création d'un établissement thermal, la commercialisation de l'eau
d'Ogeu puis l'acquisition d'autres sources sur le territoire national et leur exploitation
sous différentes appellations. Les eaux d'Ogeu sont toutefois connues depuis longtemps,
elles auraient été le secret de beauté de Diane d'Andoins, la maîtresse préférée
d'Henri IV. La place de la mairie et de l'église forment le coeur agréable et central
du bourg. La belle église est dédiée à Saint-Just et Saint-Pasteur, deux enfants
martyrisés. D'origine ancienne, elle est entièrement rénovée en 1899 et on lui ajoute
un porche. Une belle croix sur le parvis indique l'emplacement de l'ancien cimetière.
Au hasard des rues, le visiteur peut découvrir des maisons anciennes (des XVIe et
XVIIe siècles), un intéressant four extérieur en briques, une bascule publique, un
lavoir couvert près du fronton et un joli pont en pierre près du passage à gué. Ogeu
offre une grande diversité de panoramas. Dans cette région, l'eau est un élément
qui influence depuis toujours la vie des habitants.
Oloron est une évolution de " Iluro ", divinité ibère, qui a aussi donné son nom
à une peuplade reconnue par les Romains. Détruite, puis reconstruite avec découpage
administratif, la commune réunit les deux bourgades d'Oloron et de Sainte-Marie le
18 mai 1858, mettant fin à des rivalités. La ville peut alors s'épanouir et se développer,
voyant même l'arrivée du chemin de fer en 1883. En 2002, la ville est élue la plus
sportive de France à la moitié de ses habitants licenciés dans un club ! Pays d'art
et d'histoire, la cité présente quelques beaux monuments comme l'église Sainte-Marie,
cathédrale jusqu'à la révolution, au clocher-porche abritant un portail roman et
des trésors d'ornements. Le vieux quartier pentu de Sainte-Croix offre beaucoup de
charme : tour de Grède, maisons anciennes, musée du patrimoine et surtout son église
ancienne au clocher-beffroi carré. Panorama. Parcs et jardins, ponts fleuris, parcours
de sculptures modernes. Au cœur d'un paysage vallonné, à la réunion des deux gaves
d'Aspe et d'Ossau offrant des rives bucoliques (formant ensuite le gave d'Oloron),
la cité inspire le poète. Deux d'entre eux reposent dans divers cimetières de la
commune : Jules Supervielle et Tristan Derême. Après une marche de découverte patrimoniale,
un bon goûter s'impose : Oloron est le berceau du gâteau réputé " Le Russe " et des
chocolats " Pyrénéens ".
Orthez est une cité de caractère à la devise " Touches-y si tu l'oses " : Toquey
si gausas. C'est la ville des fortes personnalités et des idées nouvelles. Orthez
devint de 1242 à 1466 la troisième capitale du Béarn (succédant à Lescar et Morlaàs)
sous l'impulsion de Gaston VII de Moncade. Ce dernier fit construire un château au
point le plus élevé et jeta un pont sur le Gave de Pau. C'est entre ces deux édifices
que trois bourgs fortifiés se développèrent, même si la cité protestante a beaucoup
souffert durant les guerres de religion, surtout en 1569. Du château construit de
1242 à 1262, il ne reste principalement que le donjon pentagonal haut de 31m dit
" Tour Moncade " (visites d'avril à septembre). C'est ici que Gaston Fébus est né
en 1331. C'est aussi ici, selon Froissart, qu'il emprisonna et tua son fils. Au 14
rue de l'horloge se trouve l'Hôtel de la Lune, qui hébergea en 1388 le célèbre chroniqueur
du moyen-âge Jean Froissart (Il décrivit la cour fastueuse de Gaston Fébus). C'est
aujourd'hui une halte sur les chemins de Saint-Jacques. Le pont-vieux, remarquable
ouvrage, est composé d'arches inégales et d'une tour centrale avec poterne : un escalier
mène aux rives herbeuses du Gave de Pau. D'autres monuments méritent le coup d'œil
: les arènes du Pesqué inaugurées en 1927, l'imposant hôtel de ville et sa grand-Place,
l'église gothique Saint-Pierre et son parvis, le théâtre centre culturel… La maison
Jeanne d'Albret, devenue musée, est un édifice Renaissance qui présente des fenêtres
à meneaux, une tourelle octogonale, un pigeonnier à colombages. Enfin, les anciens
auront une pointe de nostalgie en passant devant le halle mythique de la Moutète.
C'est ici que le club de basket Elan Béarnais a forgé sa légende dans une rivalité
intense avec le club de Limoges. Le club déménagea à Pau en 1991 pour se développer
et se professionnaliser davantage.
Il y aurait mille choses à écrire sur la capitale du Béarn. Si vous ne deviez visiter
qu’une chose, choisissez le joyau de la cité : son château. On vous montrera même
la carapace de tortue qui servit de berceau au futur roi Henri IV. Fabuleux panorama
sur la chaîne des Pyrénées. Information moins connue, Pau a été un lieu majeur de
l’histoire de l’aviation vers 1910 avec notamment les frères Wright et Louis Blériot.
Au creux d'un vallon arrosé par le Néez, Gaston Fébus jeune vicomte du Béarn âgé
d'à peine 15 ans, fonde en 1347 une bastide. Il charge son lieutenant Roger de Rébénacq
de signer l'acte de paréage. C'est donc de ce personnage que vient le nom du bourg
nouvellement créé. On trouve encore le plan caractéristique des bastides autour de
la place de la Bielle, un peu cachée dans le village. Les maisons y sont alignées
côte à côte, autour d'une place carrée. Tout autour, plusieurs moulins et lavoirs
tiraient partie du passage de différents cours d'eau. L'église paroissiale Saint-Jean-Baptiste
est un peu à l'écart, comme il était d'usage dans beaucoup de bastides. Ainsi, cela
libérait la place centrale permettant d'accueillir un marché assez vaste. L'église,
d'origine ancienne, a été reconstruite presque entièrement à partie de 1875, sur
des plans conçus par le curé lui-même ! Consacrée en 1891, on lui ajouta un porche
et des fresques murales un peu avant 1900. C'est un très bel édifice. Les collines
de Rébénacq semblent dialoguer à distance, se racontant l'histoire de leurs habitants.
Sur l'une d'elle en direction de Lasseube, Jean-Baptiste Bitaubé un enfant du pays
ayant fait fortune en Espagne, fit construire un remarquable château vers 1880. La
petite route longeant le château invite à monter plus haut pour découvrir des panoramas
toujours plus vertigineux. Ici, comme au pic de Rébénacq, la chaîne pyrénéenne offre
des vues spectaculaires.
La présence humaine à Salies est attestée dès l'âge de bronze (-3500). La commune
tire son nom d'une source d'eau salée qui assura la prospérité de la cité par le
monopole de son commerce. Cette source, aujourd'hui enfouie dans une magnifique crypte
sous la place du Bayaa, peut se visiter. La découverte légendaire du corps d'un sanglier
recouvert de cristaux de sel aurait révélé l'existence de cette source. Le sel, véritable
trésor caché dans l'eau, était une denrée rare et recherchée, objet de convoitises.
Après l'arrêt du commerce du sel, Salies s'est reconvertie en station thermale avec
son établissement daté de 1857, au style mauresque. Cette terre fluviale est en effet
riche en sels minéraux et les propriétés thérapeutiques des eaux ont fait la réputation
de la cité. On trouve donc, dans l'architecture de la ville, divers témoins de ces
différentes époques prospères. Le visiteur est d'abord attiré par la vieille ville
aux ruelles tortueuses. Les maisons fleuries à colombage et à encorbellement offrent
un cachet pittoresque. Il n'est pas rare de croiser quelques pêcheurs sur les rives
de l'imprévisible Saleys, près des maisons à pilotis ou du vieux pont de pierre.
Le surnom de " Venise béarnaise " n'est pas usurpé. Ensuite, l'œil est attiré par
les demeures cossues, les châteaux et les hôtels " belle époque " de l'âge d'or du
thermalisme. La visite des différents musées et de l'église Saint-Vincent au clocher
fortifié complètera la journée. Nombreuses animations tout l'été dont la " fête des
sottises " aux alentours du 20 juillet et ses arts de la rue.
N'ayons pas peur des mots, Sauveterre est un des plus beaux villages de France, surnommé
" Perle du Béarn ". Bourg médiéval bâti sur une terrasse qui domine le Gave d'Oloron,
il tire son nom de salva terra : terre sauve. Chaque endroit que le visiteur découvre
est un enchantement : tours, remparts, portes, pont, pigeonnier, fontaines, hôtel
de ville, maison des Arts, église … L'église romane fortifiée Saint-André date du
XIIe siècle (restaurée au XIXe). Située sur une étape du chemin de St-Jacques-de-Compostelle,
elle reçut la visite de deux rois de France. Très beau point de vue. Le camping et
les berges du gave donnent à Sauveterre un air de station balnéaire à la saison estivale.
Un vieux pont, en partie détruit, ne possède plus qu'une arche. S'il ne permet plus
de traverser la rivière, à l'instar du célèbre pont d'Avignon, il est l'objet d'une
légende tenace : En 1170, Sancie, reine de Béarn, est accusée d'avoir tué le bébé
difforme qu'elle venait de mettre au monde. Niant le crime, elle subit l'épreuve
de l'eau qui consistait à la précipiter, ligotée en robe blanche, du haut du pont.
A lieu de couler à pic, elle flotta doucement jusqu'à la rive et fut innocentée.
De l'ancien château remanié au XIVe siècle par Gaston Fébus, subsiste principalement
le haut donjon rectangulaire à 4 étages, haut de 33 mètres, dit " tour Monréal ".
Cette tour abrite un espace muséographique moderne et ludique sur l'histoire de Sauveterre
(ouvert d'avril à octobre). C'est près de Sauveterre que Gaston Fébus va mourir en
1391, de retour d'une chasse à l'ours. Animations médiévales dans la cité au début
du mois d'août.
Les amoureux du patrimoine religieux s'intéresseront à quelques villages des alentours
de Mascaraàs-Haron où plusieurs églises romanes dévoilent leur beauté : Diusse, Saint-Jean-Poudge
(autel en pierre avec agneau portant la croix, sarcophage, …) et surtout Taron avec
ses mosaïques gallo-romaines exposées dans une chapelle latérale. Musée archéologique
à Claracq un peu plus loin.
Thèze, situé à une vingtaine de kilomètres au nord de Pau, est un village-rue établi
sur une ligne de crête. Son nom vient du latin Tensa (=Terre défendue, interdite).
Par sa position originellement défensive, Thèze domine la verdoyante campagne béarnaise,
sur fond de paysages vallonnés et de sommets enneigés. Les premiers habitants de
Thèze s'étaient établis sur une motte, aujourd'hui au nord-ouest du bourg : Le Mouta.
Son sommet est actuellement dominé par un oratoire dédié à la Vierge. Au pied du
Mouta, un pigeonnier circulaire date du XVIIIe siècle. Puis le village se développe
au XIIe siècle autour de son église. Thèze se voit alors doté de fortifications rendues
nécessaires par la menace anglaise. Deux portes sont ajoutées pour garder les extrémités
de la longue rue, la " carrère ". L'église Saint-Pierre attire le regard. Comme beaucoup
d'églises médiévales, le clocher carré avait une fonction défensive de donjon. Epaulé
par de puissants contreforts et une tourelle cylindrique, cela en fait l'un des plus
originaux du Béarn. Le porche voûté abrite un beau portail Renaissance. Les murs
de l'église, en pierres apparentes, donnent un cachet certain à l'intérieur. Le deuxième
monument remarquable du bourg est sa mairie. Elle est installée dans l'ancien château
de Fanget, du nom des propriétaires qui l'ont fait bâtir au XVIIe siècle. Deux lions
sculptés se dressent au-dessus de la porte d'entrée. Quatre visages, représentant
les 4 saisons, décorent les ouvertures en arcades. Comme leurs homologues du canton
voisin d'Arzacq, les communes du canton de Thèze financèrent en 1922, en toute discrétion
et pendant 30 ans, la reconstruction du village de Violaines, dans le Pas-de-Calais,
détruit entièrement par le conflit mondial. Cela méritait bien un coup de chapeau.
Viven est un tout petit village, au nord de Pau, qui tient son nom du domaine antique
de Vibius. La seule visite de son château justifie le détour. Un château médiéval
est déjà mentionné au XIe siècle sur ce site, entouré de cours d'eau, qui domine
les coteaux boisés de cette partie du Vic-Bilh. Il est placé dans une position stratégique
face à la Gascogne anglaise. Appartenant à la famille de Barzun, la seigneurie passe
aux mains des d'Arros en 1576 par mariage. Bernard d'Arros rase le vieux château
en 1608 et construit à la place une demeure plus confortable. En 1651, la seigneurie
est érigée en baronnie en faveur de Jean d'Arros. Le Marquis de Mesplès réalise en
1756 et 1757 des travaux de grande ampleur et donne au château son allure actuelle.
Toit à la béarnaise et belle façade ouverte vers le sud-ouest caractérisent celui
qu'on appelle alors château Lamarche. Quelques vestiges du château primitif demeurent
toutefois encore visibles pour un œil expert. En 1982, de nouveaux propriétaires
font l'acquisition du lieu. Dès 1988 débute un travail de longue haleine de réhabilitation
et d'embellissement des jardins courant sur 2,5 hectares. Ces espaces labellisés
" Jardin Remarquable " en 2006 constituent à n'en pas douter le point fort du château.
Bois fleuri, fontaines, tonnelle, roseraie, labyrinthe, potager et buis se répondent,
accompagnés des sifflements des oiseaux, dans des senteurs enivrantes. Dans un coin
du jardin, un très beau pigeonnier XVIIe repose sur six piliers d'angles et un pilier
central. Cette harmonie parfaite est le résultat d'un travail titanesque (plusieurs
milliers de buis taillés, 1200 rosiers …) mais surtout celui d'une passion. Passion
qui peut être partagée de mai à octobre, lorsque le château s'ouvre aux visiteurs.
Pas mal de légendes ont été rapportées sur les relations historiques entre le château
de Viven et la franc-maçonnerie. Une symbolique croix de Malte, bien visible, taillée
dans les parterres de buis entretient malicieusement le mystère. Fait rarissime,
en 1847, un ancien esclave des Antilles affranchi, jardinier au château, était inhumé
dans le caveau seigneurial aux côtés de son maître, preuve d'une grande amitié. L'histoire,
ou la légende, rapporte que le maître était Jean de Navailles, haut fonctionnaire
colonial des Antilles, auquel Napoléon 1er aurait donné le château de Viven pour
avoir sauvé en 1810 le Trésor français lors de la prise de la Guadeloupe par les
Anglais.