La monographie de Pouzac
Commune de Pouzac
I.
Document envoyé pour notre site par Mme Michelle Cauchy. Merci pour cette contribution.
Pouzac se trouve dans une situation charmante, sur les bords de l'Adour au pied même
des Pyrénées, à 16kms sud de Tarbes et à 2kms nord de Bagnères, son Chef-
La
commune est limitée par les territoires de Trébons, d'Ordizan, de Hauban, de Labassère
et de Bagnères.
Son étendue est de 5kms du nord-
La partie qui se trouve dans
la pleine est située sur la rive gauche d'une vallée d'environ deux kilomètres de
largeur, sillonnée par l'Adour et bordée à l'est et à l'ouest par des collines où
la grâce des formes le dispute à la richesse du sol. Le tiers de la superficie se
trouve dans la plaine et le reste sur les hauteurs.
Le thalweg de la vallée est recouvert
d'un amas épais, composé d'un humus assez abondant, entremêlé de roches roulées dont
les dimensions s'étendent depuis celle du sable le plus fin jusqu'à celle des blocs
arrondis de plus de un mètre de diamètre : débris des monts qui constituent le fonds
et les flancs des vallées supérieures. Ces débris ont été apportés par les anciens
glaciers qui s'étendaient depuis ces vallées jusqu'à Hiis dans la plaine de Tarbes.
La
surface de ces amas morainiques a été remaniée par des alluvions subséquentes et
sillonnée par les cours d'eau descendus par la rive gauche des monts du Bédat et
de César, et par la rive droite des collines de la Serre, (hauteurs qui limitent
ladite vallée) ruisseaux ou gaves dont les eaux vont grossir l'Adour.
Quand on fouille
au-
morainique. De grands
blocs erratiques, de quarzite [1] , épars sur différents points, viennent ajouter
un incontestable témoignage à la réalité de ces phénomènes de l'époque glaciaire.
Le
Camp de César, hauteur qui domine le village à l'ouest, a sa face méridionale, schisteuse
et sa partie orientale, granitique ; ces granits qui passent tantôt au gneiss, tantôt
à la pegmatite se prolongent jusqu'à Montgaillard et présentent des noyaux de kaolin
et de mica palmé dont les couches vont se perdre sous les alluvions de la plaine
de Tarbes.
En face du Camp de César, sur la rive droite de l'Adour s'élèvent les collines
de la Serre qui offrent aux géologues, un vaste champ d'études pour l'apparition
de l'ophite [2] . On sait que l'ophite est une roche à base d'amphibole [3] et de
feldspath, passant souvent à la diorite [4] et se chargeant souvent aussi de cristaux
d'épidote [5] . La plupart des géologues considèrent cette roche comme ayant eu une
origine ignée et ayant surgi à une époque relativement récente, puisqu'elle a soulevé
les couches crétacées et même celles qui appartiennent au tertiaire inférieur. A
part les modifications statiques que l'apparition de l'ophite a apporté dans la position
originelle des couches sédimentaires, on observe que ces couches ambiantes ont subi
par le contact de la roche ignée ou par l'influence des vapeurs et des gaz qui l'ont
accompagné des modifications très prononcées dans leur constitution moléculaire et
dans leur composition chimique ; ces phénomènes sont désignés sous le nom de métamorphisme.
On remarque des masses calcaires fortement altérées passant tantôt à l'état de marbre
saccharroïde, tantôt à celui de cargnieules [6] spongieuses et renfermant les minéraux
les plus variés : quartz primatique, nectique, couzeranite [7] , dipyre, feldspath,
albite, spath calcaire, aragonite, fer oligiste, fer sulfuré, fluorine, tale, stéatite,
etc.
A l'apparition des ophites se rattache, dans notre région, un phénomène dont les
résultats ont eu une immense influence sur la prospérité du pays ; je veux parler
de la présence des eaux minérales à Bagnères-
Si les hauteurs qui encaissent,
à l'ouest et à l'est, la belle vallée de Pouzac, sont remarquables par leurs richesses
naturelles, elles forment encore de belles [8] promenades trop peu fréquentées pendant
la belle saison par les touristes et baigneurs de Bagnères.
On ne peut s'empêcher
d'admirer la position heureuse du Camp de César, cette touffe d'arbres qui le couronnent,
cette maison rustique dont les murs se découvrent dans l'intervalle du feuillage,
et dont la blancheur se marie si bien avec les beaux tapis de verdure qui l'entourent,
ces coteaux qui le dominent au couchant et d'où l'œil doit embrasser un immense horizon
; tout enfin, jusqu'au nom dont il a droit de s'enorgueillir semble devoir attirer
les étrangers en foule sur le sommet de ce monticule. Trop peu cependant le visitent,
parce que jugeant à la simple vue cette course trop pénible et trop longue, ils redoutent
de l'entreprendre à pied ou n'osent aller à cheval sur ces hauteurs.
Détrompons ces
voyageurs timides que la crainte d'un peu de fatigue fait reculer devant tout le
plaisir que promet un aussi beau paysage.
On peut entreprendre cette promenade même
sur un léger wiski, et parvenir ainsi jusqu'à la crête du mont qui est à 400 mètres
au-
Mais comme la plupart de celles qu'on fait dans les pays de
montagne, elle présente plus d'agrément à pied, parce qu'on peut, à tout instant,
s'arrêter sans embarras, courir après un papillon, cueillir quelque jolie fleur ou
contempler, toujours avec un nouveau plaisir le tableau qui se déroule sous les yeux
à mesure que l'on s'élève.
Pour atteindre à la hauteur du Camp, se présentent deux
chemins également faciles ; mais comme ils serpentent dans des directions contraires,
l'un à l'est, l'autre au sud, on peut suivre le premier en montant, et le second
à la descente, afin de jouir des différents aspects qu'ils offrent tous les deux.
Impossible
de se faire une idée de la richesse et de la beauté des tableaux que l'on découvre
de toutes parts, dès que l'on est arrivé sur le sommet du mont. On reste muet d'extase,
et l'on manque de mots pour exprimer le sentiment d'admiration que l'on éprouve.
Cependant
la vue a bien vite épuisé le peu de force qu'elle a pour embrasser de si vastes objets,
l'esprit se reporte alors sur les souvenirs qui se rattachent à ces lieux. Ils lui
rappellent la fortune du plus grand capitaine des temps anciens, et au nom de César
dont les légions auraient campé sur ces hauteurs, lui fait avidement rechercher les
vestiges de fortifications qu'elles y auraient établies et que le temps pourrait
avoir respectées ; mais tout a disparu ; et, à l'exception de quelques épaulements
dont on retrouve encore les traces dans la partie nord, la plus accessible à l'ennemi,
il n'y reste plus que le souvenir d'un grand homme.
C'est là que fut trouvée enfouie
dans la terre l'inscription romaine Marti invicto. Cet ex-
Mais si ce
lieu fut témoin de Combats, César s'y trouva-
Cette opinion a toujours trouvé
beaucoup d'incrédules ; plusieurs même ont porté cette incrédulité jusqu'à douter
que César eût jamais pénétré dans cette partie des Gaules, et ils ont pensé que ce
mont n'avait été nommé ainsi que parce qu'il avait servi de campement à ses soldats.
En
effet, au milieu des obscurités de l'histoire de cette contrée, il est permis d'avoir,
sur ce point, bien des doutes : mais ce qui toutefois semblerait donner plus de vraisemblance
à l'opinion contraire, c'est que César dans sa huitième campagne, après qu'il eût
été maintenu dans le gouvernement des Gaules, se rendit lui-
Des hauteurs
qui dominent le camp, du côté de l'ouest, on découvre à sa droite les vallons de
Trébons et d'Astugue, remarquables par la verdure de leurs prairies, par leurs gracieuses
ondulations, par les ruisseaux limpides qui les arrosent et surtout par leurs habitations
presque coquettes, cachées en partie par une touffe de beau feuillage ; à sa gauche
le vallon de la Serre-
Avant que M. de Cassan eût construit cette habitation charmante, habitée
aujourd'hui par la célèbre famille bretonne de l'Angle, beau manoir qu'on voit sur
l'un des points culminants de la Serre-
Là, la vue n'a
rien à désirer ; elle ne peut même suffire à l'étendue du pays qui se déploie de
toutes parts. C'est un damier enrichi de mille couleurs, dont un grand nombre de
villages disséminés sur une plaine immense, forment les différentes places ( ?) qui
en garnissent les cases.
Impossible de donner une idée de la beauté de ce tableau.
A ses pieds, Pouzac et sa petite vallée, avec les molles inflexions de l'Adour qui
arrose des champs fertiles et des prairies verdoyantes ; au sud c'est Bagnères dont
l'aspect brillant présage bien l'image des plaisirs qu'on y goûte ; c'est l'heureuse
vallée de Campan et les montagnes qui la couronnent ; au nord, c'est la grande plaine
avec le vaste horizon.
" J'ai visité Paris et ses merveilles !
J'ai parcouru les palais
de nos rois !
O mes amis, à des splendeurs pareilles,
Jamais mon cœur ne s'émut une
fois.
Le souvenir de nos chères montagnes,
Seul me charmait sous ces riches lambris
!
Bords de l'Adour, tes riantes campagnes
Valent tout l'or que l'on montre à Paris
! "
Si toutes les communes des Pyrénées semblent favorisées par leur beau ciel, l'air
salubre et pur qu'on y respire, les beaux paysages d'où l'œil ravi ne voudrait jamais
s'éloigner ; Pouzac a de jolies que beaucoup d'entre elles une situation des plus
heureuses. Par sa vallée, elle participe à la fertilité proverbiale des plaines de
l'Adour, par ses hauteurs elle jouit de tous les avantages du pays des montagnes,
et enfin par sa proximité de la jolie ville de Bagnères, à laquelle elle est déjà
rattachée par de nombreuses villas, elle possède les avantages de la ville sans en
connaître les inconvénients. Pouzac est bien bâti ; des ruisseaux d'eau limpide accourent
de toutes les places et de toutes les rues ; ils se croisent, s'enfoncent sous terre,
reparaissent ; tout est rempli de leurs murmures, de leur fraîcheur et de leur gaîté.
Des fontaines sont installées dans tous les quartiers et fournissent abondamment,
à la population toute entière, une eau fraîche et éminemment potable. Une canalisation
pratiquée sous les rues, permet aux habitants de prendre des concessions d'eau, moyennant
une rétribution annuelle de 6 francs par robinet.
Les ruisseaux vifs et limpides,
tributaires de l'Adour, arrosent tout le territoire de Pouzac. Leurs eaux abondantes
sont presque toujours couvertes d'un dôme épais de verdure, conservant ainsi leur
fraîcheur dans tout leur parcours. On les voit à travers le feuillage briller, sautiller
et bondir, heureux et fiers de régner sur cette belle campagne.
Elevé d'environ 540
mètres au-
L'automne s'y prolonge fort tard, et
ce n'est que vers la fin de décembre qu'apparaît l'hiver.
Il est ordinairement pluvieux
ainsi que la plus grande partie du printemps. La plus belle saison commence vers
la fin de mai et se continue très avant dans l'année. Le mois de juin présente des
changements assez brusques dans la température et dans la direction des vents.
Juillet
se présente avec une température plus constante, un ciel plus pur ; et, à l'exception
de quelques orages, ce mois est le plus beau de l'année ; les vents du sud-
Les pluies assez fréquentes annoncent, au mois de septembre, que le soleil
s'éloigne de nos climats ; les vents de sud-
L'air exempt d'émanations
malfaisantes, offre toujours une pureté remarquable. Le ciel est souvent d'un bleu
azur qui réjouit la vue.
Il est facile de conclure qu'une température aussi douce,
aussi modérée, doit être salubre. L'air est si pur qu'il n'y a jamais eu à signaler
de maladies endémiques. Aussi notre climat est-
II.
On voit donc d'après le tableau ci-
Peut-
L'organisation municipale est réglée par la loi du 23 avril 1884.
Comme comptant plus de 900 et moins de 1500, Pouzac nomme 12 conseillers choisis
malheureusement, non parmi les plus intelligents des habitants, mais bien par suite
d'une tradition regrettable, parmi les plus riches et les plus influents ; ils sont
en général ennemis du progrès et par suite du gouvernement actuel.
Les seuls fonctionnaires
municipaux sont : 1 garde-
La
mairie se trouve au milieu du groupe scolaire, dans le même corps de bâtiment, au
premier étage, entre le logement de l'instituteur et celui de l'institutrice. Elle
se compose d'une grande salle mesurant 8m 20 sur 6 et éclairée par 4 fenêtres donnant
2 sur le nord et 2 sur le sud, et d'un petit cabinet où se trouve une partie des
archives et auquel donne accès un escalier que l'on prend à la porte principale de
l'établissement, dans la cour des garçons. Il aurait mieux valu donner à la mairie
une entrée distincte ou mieux, la détacher tout à fait du groupe scolaire.
Un desservant
se trouve à la tête du culte catholique, le seul en usage dans la commune. Ce fonctionnaire
a, comme partout ailleurs, un trop grand prestige et reste redouté de la majorité
de la population qui est ignorante et fanatisée.
Les habitants gagneraient à l'union
cordiale du curé et de l'instituteur, à ce que ceux-
Le presbytère
est une construction assez importante, avec cour et parterre devant, et vivier et
vaste jardin derrière. M. le desservant doit passer agréablement ses longues récréations
dans un si confortable logement.
Quoique Pouzac soit le centre de la perception du
même nom, le receveur municipal a établi son domicile à Bagnères, ce qui n'offre
pas d'inconvénient attendu qu'il vient tous les mois recouvrer les impôts des contribuables.
Pouzac
ne possède aucun bureau de poste. La commune est desservie par Bagnères à 7 h du
matin pendant l'été et à 8 h pendant l'hiver.
Il serait à désirer pour le bien de
tous que l'administration fît faire une 2 e levée, à midi, par le facteur qui repasse
à Pouzac, à cette heure pour rentrer à son bureau de poste à Bagnères ; les lettres
n'auraient pas ainsi ce retard forcé de 24 h qui nuit considérablement aux relations
commerciales ou autres.
Le budget primitif de l'exercice 1887 a été établi comme suit
:
Recettes 11 818 f , 18
Dépenses 11 324 f , 54
Excédent de recettes 493 f , 64
Le budget
additionnel est en général très important et ce n'est pas rare d'y trouver une vingtaine
d'articles faisant une somme de 5 000 f en moyenne. On commence à faire disparaître
beaucoup d'articles pour les porter au budget primitifs ; en procédant ainsi on viendra
, en quelques années, à faire disparaître le budget additionnel ce qui ne nuira pas
à la comptabilité du receveur.
La valeur du centime est de 170
Le principal des 4 contributions
directes donne :
Foncière 4.555.f 12
Personnelle-
Portes et fenêtres
1.090.f 58
Patentes 597.f 70
_________
Total 7.565.f 19 [10]
III.
Le terrain à Pouzac est généralement fertile et pourrait produire en plus grande
quantité si les procédés d'agriculture étaient plus intelligents. Malheureusement
la routine règne en maîtresse ici comme un peu partout dans le département : les
paysans d'aujourd'hui font ce qu'ils ont toujours vu faire ; les conseils qu'on leur
donne sont écoutés avec méfiance, croyant leur manière de faire supérieure à tout
ce qu'on écrit sur les livres d'agriculture ou recommande dans les conférences agricoles
qui sont hélas trop rares et trop peu suivies.
L'instituteur, dit-
Que
peut faire, en effet, un enfant du cours supérieur qui sort de l'école primaire pour
prendre part aux travaux agricoles ? Saura-
Ainsi les leçons de l'instituteur,
données à des enfants trop jeunes, ne donnent presque pas de résultats. Si le gouvernement
veut relever l'agriculture, il devra créer à côté de l'école primaire, des écoles
spéciales où les jeunes paysans pourront perfectionner leurs connaissances agricoles
par une pratique intelligente savamment dirigée.
Sous le rapport agricole, Pouzac
peut se diviser en deux zones, celle de la plaine et celle de la montagne.
La 1 ère
produit surtout du blé et du maïs
La 2 e du méteil [11], du seigle et des pommes de
terre
1 -
Production par hectare en blé 25 hectolitres
'' maïs 35 ''
2 -
Production moyenne par hectare en seigle 16 ''
'' méteil 14 ''
'' pomme de terre 250
''
Ce rendement moyen serait facilement dépassé si les engrais étaient plus soignés,
les instruments aratoires plus perfectionnés et les assolements mieux répartis.
Il
est à noter que presque tout le territoire appartient à quelques riches particuliers,
rentiers pour la plupart, qui, au moment des élections font voter ( ?) leurs fermiers
comme ils l'entendent.
Les prairies artificielles sont très rares ; les naturelles
produisent beaucoup d'herbe, excellente sur la colline, mais en petite quantité ;
en grande quantité dans la plaine, mais dure par suite de trop fréquents arrosements.
Les
fruits viennent assez bien la localité. Les châtaignes et les pommes qui sont justement
célèbres donnent des produits abondants.
La plupart des légumes réussissent bien dans
les jardins ; ils procurent aux ménages qui vont les vendre à Bagnères, une source
précieuse de revenus.
On cultive la vigne sur la Serre-
Les animaux domestiques ne sont
pas assez soignés faute de principes de la part des paysans, de fourrage et de pâturage,
etc.
Voici le tableau des animaux existant actuellement
Poulains et pouliches de moins
de 3 ans 33
Chevaux 12
Juments 40
Mulets 3
Anes et ânesses 54
Veaux 100
Bœufs 45
Vaches
310
Brebis et moutons 400
Porcs 350
Poules 2000
Dindons 25
Canards 300
Lapins domestiques
250
L'Adour et les gaves nourrissent beaucoup de truite dont la chair est de qualité
supérieure : elles tendent à disparaître par suite des procédés frauduleux qu'emploient
beaucoup de pêcheurs peu consciencieux.
La contrée serait assez giboyeuse, mais les
chasseurs sont si nombreux dans ce pays que le gibier devient rare de plus en plus.
On
exploite beaucoup de terre à foulon [12] , quelque peu de marne [13] et une assez
grande quantité de sable ; l'extraction de ce dernier a lieu particulièrement dans
le lit de l'Adour ; toutefois, on commence à extraire du sable des hauteurs que l'on
dit excellent.
Deux scieries et une marbrerie peu importante sont les seules usines
de Pouzac. C'est peu pour un pays qui possède tant de cours d'eau.
La route nationale
De Bagnères à Tarbes, traverse Pouzac du sud au nord parallèlement à l'Adour qui
longe les coteaux de l'est. Plusieurs autres voies de communication s'en détachent
et se dirigent dans tous les sens. Les diverses routes et chemins vicinaux sont en
bon état excepté quelques chemins d'exploitation des montagnes lesquels se trouvent
souvent ravinés par les pluies et obstrués par les éboulements de terre ou de pierres.
Depuis
que la voie ferrée qui longe l'Adour est établie, les habitants n'ont plus des voitures
de transport. Ils vont à pied à Bagnères et prennent le train pour aller à Tarbes.
Le
commerce est à peu près nul ; quelques épiceries de peu d'importance vendent leurs
mauvais produits bien cher ; une boucherie donne de la viande pendant l'hiver ; deux
marchands de vaches et un marchand de bois font quelques affaires.
On peut mentionner
la vente des miches que les femmes de Pouzac font avec du petit millet [14] , et
qu'elles cèdent aux Bagnérais qui en sont très friands, moyennant un franc le gâteau
du poids d'un kilogr.
IV.
L'histoire de la commune se perd dans la nuit des temps. Une légende fort ancienne
dit que Pouzac se trouvait autrefois sur la rive droite de l'Adour, dans la partie
de la Serre-
La pioche et le soc de la charrue ont, en effet, mis à découvert
il y a une cinquantaine d'années [15] , au moment où l'on défrichait ce quartier,
de nombreux ossements, des morceaux de fer, des débris de poterie ; mais personne
n'était là pour interroger ces restes des autres âges.
On croit généralement que ces
anciens habitants firent mauvais accueil aux armées de César, et qu'il essayèrent
même de les refouler. Ayant reconnu la résistance impossible, ils auraient pactisé
avec les étrangers, et peu à peu seraient venus se fondre avec la colonie romaine
qui avait dressé ses tentes au pied du mont sur lequel l'armée campait, et appelé
depuis Camp de César.
Pouzac a changé plusieurs fois de nom. Diverses pièces conservées
aux archives de la mairie donnent : au commencement de ce siècle, Poussac ; cependant,
sous la révolution, on écrivait déjà Pouzac.
Le registre des actes de baptême, de
mariage, de décès, tenus par les desservants et écrits en français donnent, de 1663
à 1750, paroisse de Pousat ; dans un acte de 1457 on lit Posat.
Posat vient très probablement
du patois local. Dans cet idiome, ce mot signifie " posé ". Pouzac voudrait donc
dire : Posé près du mont.
Au moment où il a été posé à son emplacement actuel, Pouzac
ne se composait que d'une vingtaine de maisons à peine. Au commencement du XVIIe
siècle, le chiffre de la population ne devait pas dépasser deux cents habitants.
Les registres de l'état civil n'enregistraient chaque année que 4 ou 5 naissances
et autant de décès. Mais comment savoir si ces registres étaient régulièrement tenus.
Faute
de mairie convenable [16] chaque maire devait tenir chez lui les actes municipaux.
Rien d'étonnant alors à ce que ces actes aient disparu pour la plupart ; encore ceux
qui restent sont-
Les plus anciens registres
contenus dans les archives ne remontent qu'à 1790.
Le cadastre de la commune fut dressé
cette année, conformément à une délibération du conseil du 20 juin de la courante
année.
Une adresse fut aussi adressée aux représentants de la nation ; nous sommes
heureux de pouvoir en donner le texte même. [17]
" Adresse aux représentants de la
nation française
Messieurs,
Nous adhérons de grand cœur à tous vos décrets. Nous et
nos enfants nous les relirons sans cesse. Nous relirons toujours avec entousiasme
votre déclaration des droits de l'homme. Ainsi donc nous sommes hommes. Ainsi donc
tous les hommes sont libres et égaux en droits. Ainsi donc l'homme aux parchemins
ne regardera plus avec un orgueil insultant l'honnête Laboureur qui toute l'année
süe pour le nourrir, et de détestables rapports de l'administration ne tutoieront
plus d'un ton humiliant les habitants des campagnes qu'ils opprimaient de mille manières.
Le cultivateur, méprisé, tourmenté, accablé d'impôts donnait un autre état que le
sien à ses enfants, sentant le malheur de sa condition, il ne voulait pas la leur
transmettre. Dans la nouvelle constitution son état sera bon, sa condition honnorable,
le fils du laboureur sera laboureur,. Les campagnes seront plus peuplées. Les villages
augmenteront, les villes diminueront et nous ne verrons plus en france un million
d'hommes rassemblés dans un petit espace pour se heurter et s'infecter. Les terres
incultes seront défrichées, les champs mieux cultivés. Tous les ans la quantité de
fruits de la terre augmentera. Nous n'aurons plus à craindre les horreurs de la famine.
La
force de l'Etat augmentera ; car les laboureurs sont très forts. Leurs bras nerveux
exercés par l'agriculture sont le plus fort rempart de la Liberté.
Les mœurs seront
plus pures : une famille de laboureurs est l'asile de la vertu.
Il est encore dans
la nouvelle Constitution un autre moyen de rendre les hommes vertueux ; nous n'élèverons
aux charges publiques que les hommes qui s'en seront montrés dignes par une longue
conduite sans reproche. Il est donc bien vrai qu'une bonne constitution est la source
de bonnes mœurs, comme les bonnes mœurs en sont le plus ferme appui !
Dans la nouvelle
Constitution les fortunes excessivent diminuent, les petites augmentent, le faible
est à l'abri des insultes du fort.
Les pauvres trouveront dans les bureaux et atteliers
de charité des secours infaillibles. Les dettes de l'Etat seront acquittées. Les
ministres de l'Eglise sont rappelés et de l'opulence et de la pauvreté dans une médiocrité
plus conforme à la religion. Ceux qu'un trop riche bénéfice condamnait à l'oisiveté
travailleront, et ceux qui travaillent auront de quoi vivre. Tout rentrera dans l'ordre
et nous serons heureux.
Nous pourrons donc cueillir notre récolte quand elle sera
mûre et certains hommes ne nous forceront plus, après sa mâturité de la laisser encore
à la merci des voleurs, des oiseaux … et des intempéries de l'air parce qu'il ne
leur plaisait pas encore de faire ramasser le dixième que nous leur donnions ; ils
ne pourront plus nous inquiéter dans le partage. Sages législateurs, vous avez aboli
cet abus !
L'Adour a ravagé nos champs et nos prairies le 13 de ce mois. Soumis aux
décrets de la providence ; nous nous gardons bien de murmurer contre elle. Quoiqu'on
ait dit que les laboureurs n'avaient de l'espèce humaine que la figure ; qu'ils étaient
grossiers, stupides…nous avons appris par nos réflexions que le vent, la pluye, les
innondations, la grêle, le tonnerre, sont des événements qu'aucune institution humaine
ne peut ni produire ni empêcher, ni accélérer, ni retarder. Nos travaux sont assidus,
opiniâtres et les secours de nos amis répareront toutes nos pertes.
Un uzage ancien
nous faisait aller tous les ans à Medoux en procession, le jour de la Trinité. M.
l'Evêque de Tarbes abolit, il y a quelque temps, les processions de cette espèce.
Cette
année on a répandu dans les campagnes que les récoltes avaient été mauvaises depuis
cette abolition ; qu'il y avait d'autres moyens d'avoir d'abondantes moissons que
de rétablir ces processions. Vite, quelques villages nos voisins chez M. l'Evêque
; demandent la permission et l'obtiennent sans difficulté, sans même que les députés
fussent munis de délibérations de la Commune. Nous l'avons obtenue nous aussi cette
permission de la même manière et le jour de la Trinité nous fûmes à Medoux en procession.
Quatre banières nous précédaient : sur la première qui était Blanche, étaient gravés
en grandes lettres ces mots : la Nation ; sur la seconde bleue, La Loi ; sur la troisième
Rouge, le Roi et sur la quatrième aux trois couleurs de la nation : La Nation, La
Loi, Le Roi.
Tous les hommes, le vicaire même, avaient des cocardes aux trois couleurs
de la nation ; toutes les filles des rubans aux trois couleurs de la nation ; à toutes
les torches étaient suspendues des cocardes aux trois couleurs de la nation. Nous
marchions avec ordre et décence, d'un pas ferme. La joie de la liberté brillait sur
tous les visages. Ainsi nous traversâmes deux fois la ville de Bagnères. Les ennemis
de la Révolution qui nous virent, frémirent et tremblèrent, et ceux qui avaient répandu
dans les campagnes qu'il n'y aurait ni blé ni milloc [18] sans processions, voient
bien que nous ne sommes point dupes et que nous sommes loin de nous égorger pour
leurs intérêts.
Autrefois nous regardions comme très excessives les taxes qu'on nous
imposoit. C'était toujours avec douleur et répugnance que nous les payions, parce
que répétait que le trésor Royal était pillé. Aujourd'hui, les plus grands sacrifices
ne nous coûtent rien. Tout ce que nous avons, nous le vouons à la patrie.
Armés de
fusils, de fourches, de faux, de tridens, nous sommes prêts à marcher contre nos
ennemis. Qu'ils se présentent nous engraisserons nos campagnes de leur sang. Périssent
les aristocrates qui veulent dissoudre l'assemblée nationale, nous éloigner de l'administration
pour rétablir le régime oppresseur qui nous faisait leurs esclaves.
Continuez sages
Législateurs ! Vôtre courage n'a pas besoin d'être soutenu, les ad'hésions et les
applaudissements ne peuvent augmenter votre amour pour la patrie et les protestations
contre vos décrets, signées par des hommes qui ne méritent plus de porter le glorieux
nom de français ne peuvent diminuer la confiance que vous avez acquise par votre
sagesse.
Nous sommes sensiblement touchés du merveilleux patriotisme de notre bon
Roi. Qu'il vive pour le maintien de la constitution ! Comme lui, nous avons tous
juré hommes et femmes d'être fidèles à la nation, à la loi et au roi et de maintenir
de toutes nos forces la constitution du Royaume.
Vive la Nation !
Vive la Loi !
Vive
le Roi !
De Pouzac dans le canton de Bagnères, le 20 juin 1790
Signés : Claverie, maire,
Pinac, Adour, Condat, Perrouy, Péré, Pécassou, Broca, Adour, Lhossun, Perez, Pinac
docteur médecin fils de laboureur, officiers municipaux et Lacour, secrétaire greffier.
" [19]
De pareils documents se passent de commentaires.
A la suite de cette adresse,
on trouve aux dates indiquées des délibérations ayant pour objet :
14 juillet 1790
-
10 septembre 1790 -
1er 9bre 1790
-
17
9bre Prestation de serment de la nouvelle municipalité.
etc. etc. (Voir registre indiqué)
Il
serait facile de reconstituer l'histoire détaillée de la municipalité sous la Révolution.
Les actes administratifs très soigneusement rédigés et bien conservés composent un
recueil des plus curieux.
Depuis l'empire, l'histoire municipale ne présente rien
d'intéressant. Les diverses municipalités qui se sont succédé ont tout simplement
administré conformément aux lois et décrets.
A Pouzac est né Laffaille [20] , officier
général du génie, homme de grande valeur et de beau caractère. Elève de l'Ecole de
Mars, qui précéda l'Ecole Polytechnique, il entra dans l'armé du génie, fit les grandes
campagnes de la République, celle d'Anvers, etc. -
Il n'existe aujourd'hui de la bibliothèque Laffaille qu'une dizaine de volumes
complètement oubliés dans un recoin de la mairie. Les élèves n'auraient ni profit
ni plaisir à les lire.
Les habitants de Pouzac ne parlent guère que le patois du (sic)
Bigorre ; beaucoup d'entre eux sont incapables d'entretenir une conversation quelconque
en français ; tout au plus peuvent-
Pouzac avait
autrefois sa fanfare, supérieure, paraît-
Montagnes Pyrénées, -
Souvent aussi ils se cherchent chicane sur de charmants jeux de mots, sur
des devinerettes(sic), mille petites choses pleines de saveur.
" Les habitants des
Pyrénées, rapporte Strabon, étaient supérieurs à tous les autres peuples, lorsqu'il
s'agissait d'intelligence et d'activité, et ne se faisaient pas moins remarquer par
la simplicité de leurs mœurs. "
Tels sont encore les Pouzacais. Doués en général d'une
grande activité morale, d'une vivacité extraordinaire, d'un caractère fier, généreux,
plein de franchise, ils aspirent surtout à l'indépendance.
Continuellement en contact
avec les Bagnérais, ils n'ont pas su garder la simplicité de leurs pères ; ils ont
pris à ceux-
Ce qui a beaucoup
changé surtout c'est le costume. Le drap a remplacé le cadix [21] ; l'habit français
a succédé à la veste à pans ; les chapeaux et les bérets ont pris la place des casquettes
et des bonnets phrygiens.
Les femmes aussi ont suivi le courant. Et ma foi, le dimanche,
les promeneurs Bagnérais disparaissent dans l'uniformité de la masse.
Tous les habitants
appartiennent au culte catholique. Mais le libre examen gagne du terrain chaque jour.
Plusieurs
chefs de famille se conduisent en libre-
A côté des avant-
Les vieilles femmes répètent encore
de nombreuses histoires de fées et de sorciers ; elles donnent même des faits à l'appui.
Il va sans dire qu'il est toujours inutile de remonter aux preuves.
Bon nombre d'hommes
racontent que César combattit longtemps contre Bayard ; le camp du grand capitaine
français est posté par eux sur la rive droite de l'Adour. Toujours d'après leurs
témoignages, les canons de César auraient vaincu.
Les vieux parlent plutôt morale
; le langage des maximes leur convient beaucoup. En voici quelque-
Qué baou
mès paga a haouré qu'a a haourillou.
Mieux vaut payer grand forgeron que petit. (Il
vaut mieux payer cher un bon ouvrier, que bon marché un mauvais).
Quant ét malhur
né bao, u pouy qu'estranglaré u azou.
A la mâle heure, il ne faut qu'un pou pour étrangler
un âne.
Qué baou més canta dat u lè qué ploura dab u beroy.
Mieux vaut chanter avec
un laid mari que pleurer avec un joli. etc.
Les monuments ne sont pas nombreux dans
la commune. L'église date de 1548. C'est une construction qui menace ruines. Elle
est bâtie sur l'emplacement de l'église brûlée en 1545. Le clocher date de 1833 ;
il mesure une trentaine de mètres. A vingt mètres du sol, il porte une galerie d'où
l'on jouit d'un assez beau coup d'œil.
Plus loin il a été parlé du château de Cassan,
aujourd'hui à M. le comte de l'Angle, et de la mairie.
Devant la maison Lacour on
voit la colonne élevée à la mémoire du général Laffaille. C'est une très belle pièce
fournie par la marbrerie Géruzet.
Annexe au titre IV
Enseignement
Pouzac autrefois ne
possédait pas d'école communale. Les familles aisées envoyaient leurs enfants à Bagnères
ou ailleurs ; la classe pauvre était dans l'ignorance la plus complète.
Au commencement
de ce siècle, quelques maîtres particuliers, sachant lire, écrire et faire les quatre
règles, se chargèrent d'instruire les enfants moyennant rétribution. Ils faisaient
peu ; mais quel maigre salaire ! Une mesure de froment et une autre de maïs par élève
et par an. Aussi, pour vivre, ces pauvres régents devaient-
Les archives de la commune ne referment point de pièce mentionnant la plus
petite subvention pour l'enseignement primaire. On tenait peu de compte de ces instituteurs
toujours perruquiers ou chirurgiens.
Le procès-
" Académie
de Pau, = instruction Primaire = autorisation spéciale = nous Recteur de Laccadémie,
vu les pièces a nous transmises par le Comité de bagnères département des hautes
pyrénées concernant le sieur Peyret (Dominique),natif de Pouzac -
signé par M. le Recteur = le secrétaire de l'accadémie Domengé signé = nota
le présent Titre devra être transcrit sur les registres de la mairie, il ne pourra
servir que pour la Commune ou section de commune qui y est indiquée. " [23]
Le registre
des Délibérations -
" Séance
du Conseil Municipal de la commune de Pouzac du premier juin 1819.
Le maire a donné
lecture d'un acte, sous signature privée, à la date du 8 mai 1819, qui lui a été
adressé par Monsieur le Souspréfet d'arrondissement et par lequel Monseigneur l'évêque
de Saragosse en espagne, actuellement en résidence à Pouzac, propose à l'administration
de vouloir l'autoriser à fonder dans notre commune deux petites fêtes annuelles consacrées
à la récompense de la vertu, par l'emploi d'une rente qu'il est dans l'intention
d'acquérir sur l'état, un Capital de cinq cent francs, et d'appliquer comme moyen
d'Emulation, par les prix que Monseigneur y propose, à l'enseignement des petits
enfants et des petites filles de notre commune envoyés à notre école primaire, et
après avoir fait sentir à l'assemblée combien sont ingénieuses et touchantes par
leur but les deux Cérémonies proposées par Monseigneur l'évêque de Saragosse dans
son acte de fondation, Combien elles méritent de remerciements de la part de tous
nos pères de famille qui doivent bien vivement sentir qu'une éducation fondée sur
le développement des qualités morales Monseigneur l'évêque de Saragosse se propose
de couronner par sa fondation, est le bien le plus précieux qu'ils puissent transmettre
à leurs enfants, le Maire a proposé au Conseil municipal d'émettre son vœu sur la
fondation proposée par Monseigneur l'évêque de Saragosse.
Le conseil municipal de
la commune de Pouzac en considération combien sont propres à donner l'émulation aux
jeunes élèves les plus honorables dont Monseigneur l'évêque de Saragosse daigne gratifier
notre école primaire, en aliénant pour cela un capital de cinq cent francs est d'avis
d'accepter le don de la rente proposée par Monseigneur l'évêque de Saragosse dans
l'intérêt de notre instruction publique.
Considérant aussi, d'un autre côté, que cet
acte de bienfaisance, qui a sa source dans la réunion de toutes les vertus épiscopales
qui se font si éminemment remarquer dans la personne de Monseigneur l'évêque de Saragosse,
impose à la généralité d'habitants de Pouzac, comme pères de famille, un tribut éternel
de reconnaissance envers le très respectable prélat qui veut ainsi devenir un nouveau
protecteur de notre instruction primaire délibère :
Le conseil municipal réuni se
rendra en corps auprès de Monseigneur l'évêque de Saragosse pour lui adresser au
nom de la généralité d'habitants de Pouzac, de sincères et très respectueux remerciements
pour l'acte de bonté dont il honore notre école.
Le Conseil municipal invite aussi
M. l'instituteur à vouloir se rendre à la tête de ses élèves auprès de Monseigneur
l'évêque de Saragosse, pour lui exprimer en présence de ses élèves, et en devenant
l'interprète de leurs sentiments à ce sujet, toute leur reconnaissance et leur juste
sensibilité pour un bienfait un bienfait qui va donner un nouveau relief à ses leçons
par les encouragements que Monseigneur l'évêque de Saragosse daigne y attacher.
Un
double de la présente délibération sera envoyé à Monseigneur l'évêque de Saragosse.
Ainsi délibéré à la mairie de Pouzac les jours, mois et an susdits ". [24]
Ce legs
est aujourd'hui lettre morte, et cela depuis plusieurs années, très probablement
par négligence du conseil municipal. Il est même à peu près certain qu'à l'heure
actuelle, sans les recherches nécessitées par ce travail, personne dans la commune
n'en soupçonnerait l'existence.
Le premier instituteur communal de Pouzac eut pour
successeur M. Parade [25]
Dans une séance du conseil, en date du 8 février 1845,
Monsieur le Maire annonça au conseil que M. Parade instituteur communal, avait déposé
entre ses mains, à la date du 10 Xbre 1844, la démission des fonctions qui lui étaient
confiées. M. le Maire ajoute :
" Qu'il était important de faire un bon choix pour
remplacer M. Parade parce que de ce choix dépendait l'avenir intellectuel des enfants.
Plusieurs pères de famille et des personnes recommandables de la commune pleines
de sollicitude pour l'instruction de la jeunesse, m'ont manifesté le désir de voir
venir par mi nous, pour diriger notre école communale, Mr Toujas, directeur de l'enseignement
mutuel de la ville de Bagnères ".
Dans cette même séance on vota pour le service de
l'enseignement, outre le logement de l'instituteur, un traitement annuel de trois
cents francs, à prendre sur les revenus communaux -
Pouzac ne devait avoir d'institutrice communale qu'en
1850. On lit sur le registre des délibérations, à la date du 10 mai 1849 :
Le Conseil
municipal
" Considérant que la réclamation adressée à M. le Maire par un grand nombre
de pères de famille est toute dans l'intérêt de la généralité des habitants de la
commune, que la place de l'institutrice communale mise au concours ne pourra que
nous donner un sujet capable de remplir ses fonctions, et que l'administration locale
aura le droit de surveiller, ce qu'elle ne peut faire si l'institutrice est privée…
Considérant
que depuis bien longtemps les institutrices particulières sont un sujet de division
dans la commune, que pour faire cesser cette division et dans l'intérêt des enfants,
il convient d'avoir une institutrice communale, et pour éviter toute intrigue et
agir avec justice de mettre la place au concours.
Par ces motifs
Le conseil municipal
délibère à l'unanimité qu'il y aura un concours ; que les matières du concours seront
les mêmes que celles qu'on exige pour recevoir une institutrice et que le sujet qui
l'emportera dans le concours sera présenté à l'autorité compétente, aux fins de lui
faire obtenir le titre d'institutrice communale ; et charge M. le Maire de toutes
les diligences à faire à ce sujet ".
Conformément à cette délibération, un concours
eut lieu à l'effet de nommer l'institutrice communale. Les résultats de ce concours
furent portés à la connaissance du conseil le 1er janvier 1850.
" …Marie-
Au moment où Melle Lagrange fut nommée institutrice
communale, il y avait à Pouzac, deux institutrices libres Melle Broca et Melle Forets.
Nous ne saurions dire si elles prirent part au concours ; personne dans la commune
n'a pu nous renseigner à ce sujet.
En 1852, le conseil municipal fixa le taux de la
rétribution scolaire à payer par chaque élève à la somme de neuf francs ; il arrêta
ensuite le traitement et le supplément de traitement de l'instituteur, le produit
de la rétribution scolaire
compris, à la somme de 600 fr
l'indemnité de logement à
30 fr
La commune fournit la salle d'école Total 630 fr
il arrêta également que cette
somme serait prélevée, savoir :
1° sur le produit de la rétribution scolaire 225 fr
2°
sur les revenus ordinaires de la commune 180 f 01
3°sur le produit des 3 centimes
communaux pour l'instr pre 119 f 99
4° sur la subvention à fournir par l'état 105
Balance
630 fr
Le 16 mai de la même année, le conseil municipal, réuni en vertu d'une lettre
de M. le recteur à la date du 13 mai, " aux fins de donner son avis sur l'objet de
la dite lettre, qui est de savoir si la municipalité désirait que l'école communale
fut dirigée par un instituteur laïc ou par un membre d'une association religieuse
"
délibéra à l'unanimité des membres présents :
" qu'il désire que l'école communale
soit dirigée par un instituteur laïc comme cela a toujours été dans la commune ".
En
1853, la rétribution scolaire et le traitement de l'instituteur demeurent les mêmes.
Cette dépense devant être réglée de la manière suivante :
1° sur produit présumé de
la rétribution scolaire 280 f
2° sur revenus ordinaires de la commune 180 f 01
2° sur
revenus ordinaires de la commune 180 f 01
3° sur le produit des 3 centimes comaux
pour l'instr pre 119 f 99
4° sur la subvention à fournir par le départt ou par l'état
80
Total 630 fr.
Les budgets de 1854, 1855 et 1856, en ce qui concerne l'enseignement,
sont la reproduction du budget de 1853.
En 1856 le taux de la rétribution scolaire
est élevé à 9 f 60.
En 1857, 1858, 1859, 1860 le traitement et le supplément de traitement
de l'instituteur sont portés à la somme de 680 fr. ; cette somme descend à 600 f
en 1861 et 1862 et atteint 700 fr. en 1863, 1864, 1865 et 1866.
Durant ce temps le
traitement annuel de l'institutrice était de 200 fr.
Déjà en 1864 le conseil municipal
avait voulu rendre gratuite l'école de garçons sans y réussir. Une nouvelle délibération,
du 13 mai 1866 réclame la gratuité ; enfin, le 8 juin 1866, le traitement de l'instituteur
communal est fixé à 900 fr. et la commune le prend à sa charge.
En mai 1867, une pétition fut adressée par des pères et mères de famille au conseil
municipal, pour demander que l'école publique de filles dont la direction avait jusqu'alors
appartenu à une institutrice laïque fût confiée à l'avenir à des sœurs de charité.
Mr
Lucien Lacour remit, pour être insérée à la délibération, une protestation énergique
dont voici les dernières lignes :
" Pour moi, Messieurs, je ne m'associerai jamais
à de pareils actes. Je combats énergiquement la pétition de Mr de l'Angle. J'ose
espérer que la majorité du conseil fera comme moi, agissant ainsi conformément à
la justice… "
Le conseil donnant suite à la susdite pétition, vota sur le budget de
1868, pour le traitement des trois sœurs auxquelles sera confiée la direction de
l'école de filles, une somme de 600 fr.
Pouzac attend encore, heureusement, les nouvelles
directrices.
Enfin le 6 février 1876, le conseil décide que les écoles seront gratuites
; et il vote le traitement des instituteurs (il y avait un instituteur-
Aujourd'hui, grâce aux efforts
de l'administration municipale et au bon vouloir de l'Etat, Pouzac possède un des
plus beaux groupes scolaires du département.
Construit à deux reprises différentes,
1863 et 1885, il a nécessité une dépense totale de 57.875 francs non compris la valeur
du sol.
Son emplacement est des mieux choisis. Placé au centre du village, le bâtiment
scolaire est orienté au midi. Il domine de beaucoup toutes les maisons avoisinantes
qui cependant comptent, elles aussi.
Le rez-
Avant
la classe et pendant les récréations, les élèves peuvent prendre leurs ébats dans
deux jolies cours, séparées par un mur de 1,m 80. Si le temps est mauvais, on quitte
la cour pour le préau. Mais ici, garçons et filles sont également mal partagés. L'exposition
du nord est mauvaise ; il n'est pas rare de voir le sable de la cour transporté,
comme par enchantement, en vrais tourbillons, sur les larges dalles que la pluie
mouille, en moyenne neuf fois sur dix, sous un solide toit en belles ardoises de
Labassère.
Le mobilier scolaire est en complète harmonie avec les locaux. Les deux
belles salles de classe des garçons, séparées par une cloison en partie vitrée, sont
garnies de tables à deux places établies d'après les indications données par le docteur
Riant dans une conférence faite aux instituteurs, lors de l'exposition de 1878.
La
collection complète des cartes murales de Vidal-
Les salles de classe
pour les filles, quoique moins richement ornées présentent cependant un mobilier
complet. Tables à deux places, comme celles des garçons, cartes murales, tableaux
synoptiques, méthodes de lecture, etc.
Maintenant, il n'y a qu'à suivre le progrès,
se procurer successivement le matériel qui pourra être édité, et la chose marchera
sans peine. Les sacrifices de la municipalité pour l'enseignement ont amené le plus
heureux des résultats dans les familles. Les parents, illettrés pour la plupart,
ont fini par comprendre la nécessité de l'instruction. Ils ne veulent pas que leurs
enfants soient un jour comme eux, aussi les envoient-
La
fréquentation devient de plus en plus assidue. L'année dernière [28] l'école de Pouzac
a donné 8 certificats d'études primaires, avec un brevet de capacité [29] et un élève
d'école normale. Il est vrai qu'à côté de ces jeunes citoyens nous avions quatre
conscrits illettrés, 2 hommes et 3 femmes parmi les conjoints, qui n'ont pu signer
leurs noms.
L'école communale possède un commencement de bibliothèque depuis le mois d'août dernier.
La commune a fait construire deux armoires bibliothèques de 2,m de haut, 1,m 50 de
large et 0,m 40 de profondeur ; mais elle n'a encore rien pu faire pour l'achat d'ouvrages,
de sorte qu'il n'y a d'autres volumes pour le moment que ceux qui ont été concédés
par le ministre en août 1886. Encore ces livres, au nombre de 23, sont-
Dans le court exposé qui vient d'être fait
de l'enseignement primaire, nous sommes partis de rien, du néant, de la négation
même de l'instruction. Pas à pas, petit à petit, nous avons traversé l'espace d'un
siècle. Quelle différence de la fin au commencement ! Une chose seule garde son caractère
propre à travers les périodes : le traitement du régent. Les années s'écoulent, les
procédés, les méthodes, les programmes d'enseignement changent, la besogne, la responsabilité,
les dépenses s'accroissent tous les jours ; il n'y a qu'une seule chose qui ne change
pas : le budget de l'instituteur. Sa vie est toute d'abnégation, disent les amis
de l'enseignement ; la satisfaction morale que lui procure la certitude du devoir
accompli est bien au-
Tout cela est vrai ; ce sont de belles lignes sur le papier ; mais
il n'en demeure pas moins vrai que le pauvre instituteur doit forcément vivre de
privations. Attaché à sa classe, il doit vivre de sa classe. Peut-
Disons, en terminant, que la municipalité de Pouzac
doit au plus tôt, couronner son œuvre en créant une salle de gymnastique et un atelier
de travaux manuels. La place sera facile à trouver. Il suffira d'acheter les appareils
et les outils indispensables.
L'école sera alors ce qu'elle doit être ; elle pourra
faire des hommes. Malheureusement cela lui a été impossible jusqu'à ce jour. Nous
sommes tous à en souffrir, en attendant mieux. L'école c'est l'avenir, qui dit écoliers,
parle de générations futures. Il vaut la peine de s'en occuper.
[1]" sic " pour quartzite
[2] Marbre de couleur sombre (souvent verdâtre), parfois
avec des cristaux blancs de feldspath en filets
[3] Groupe de silicates à deux clivages
faciles et parfaits.
[4] Roche éruptive de structure granitoïde, basique, formée par
l'union de cristaux de feldspath (couleur blanche) et d'amphibole (couleur verte).
[5] Pierre verte composée de silicate d'aluminium, de calcium et de fer, utilisée
en joaillerie.
[6] (sic pour) Les cargneules Ces roches sont fréquentes dans les Alpes
et se repèrent aisément à leur couleur orangée, à leur texture criblée de cavités
et à leur relief qui donne souvent des pitons ruiniformes.
[7] Les longs prismes minces
abondants dans les calcaires et les schistes cristallins dans les Pyrénées sont connus
en tant que le "dipyre" ou "couzeranite."
[8] Adjectif rajouté par l'auteur.
[9] Ce
nom figure sur une inscription latine :
CIL 05, 04654 = InscrIt 10,5 0457.
[H]ave Pudens
/ G(aius) Minicius G(ai)
l(ibertus) / C(h)r{h}estus Pudenti /
val(e) / ulterius nihil
est /
morte neque utilius
http://www.archeologhia.com/CIL/txt/Inschriften/cil05/iit-
[10]
L'instituteur, ou le comptable, se trompe. Le total est de 7.564,89
[11] Le mot méteil
vient du latin metellum ou mistillum, issu de mixtus : mêlé. Il est surtout utilisé
jusqu'au XVIIIe siècle. Le méteil est un mélange de céréales, seigle et blé, semés
et récoltés ensemble ; le petit méteil contient davantage de seigle, le grand méteil
contient davantage de blé .
[12] La " terre à foulon " était-
Le foulage consiste à pilonner la pièce tissée dans une cuve
remplie d'eau savonneuse ou mélangée à de la terre glaise, dite "terre à foulon".
Ce procédé physico-
[13] Mélange naturel d'argile
et de calcaire (glaise). (1868). La marne à foulon était utilisée pour l'apprêt des
étoffes.
[14] petit millet : la spécialité de Pouzac où il entre dans la fabrication
du pain.
[15] Donc en 1837, environ.
[16] Mot rajouté.
[17] Le texte qui suit semble
recopié avec fidélité, particularités orthographiques comprises. L'écriture est encore
plus appliquée, presque calligraphiée.
[18] Maïs.
[19] Ici prend fin le texte recopié
par l'instituteur.
[20] Né le 3 avril 1778, décédé le 5 mai 1840. Il laisse deux ouvrages
:
Mémoires (1787-
Mémoires sur la campagne du corps d'armée des Pyrénées-
[21] Pour " cadis " Tissu de laine
solide formant des côtes obliques assez fines.
[22] Comme pour l'Adresse à la Nation,
l'instituteur recopie fidèlement le document, mise en page et orthographe comprises.
[23]
Ici prend fin l'acte de nomination.
[24] Ici se termine le texte du Conseil.
[25] Entre
" M. " et " Parade ", le nom de " Toujas " a été rayé.
[26] Souligné par l'instituteur.
[27]
Ces cartes marquent le début de la cartographie française et ouvre la porte de l'IGN
(Institut géographique national).
[28] Donc en 1886.
[29] La loi Guizot de 1833 avait
instauré ce certificat. Le maître doit dominer les disciplines qu'il enseigne. Ainsi
lecture, écriture, arithmétique et géométrie, c'est-
Copie du
texte et notes: Jacques Villeneuve Helsinki Finlande.