Le Pape Jean-Paul II

à Tarbes le 14 août 1983

Les différents papes se rendent régulièrement à Lourdes. En revanche, Tarbes a eu l’honneur de recevoir une seule fois la visite officielle d’un pape, c’était en 1983. Le but de cette page est de relater cet événement exceptionnel.

Des hélicoptères ont ensuite acheminé ces personnalités à la préfecture de Tarbes où le Souverain Pontife a eu un entretien privé d’une heure environ avec le Président de la République. Le pape s’est ensuite rendu à la cathédrale Notre-Dame de la Sède (photo ci-contre).

Le pape priant à la cathédrale de Tarbes.

Puis le pape a été invité à signer le livre d’or de… la Maison Natale du Maréchal Foch, qui avait été habilement présenté dans la cathédrale. Le pape accepta volontiers, d’autant plus que le maréchal Foch est le seul officier étranger ayant été fait Maréchal de Pologne (pays où est né le pape). La victoire de 1918 avait en effet permis la résurrection de la Pologne, rayée de la carte européenne depuis 1795.

Un bel article de Lucienne Michou dans le bulletin de la Société Académique des HP 1984-1985 raconte en détail cette anecdote.

Photo du pape signant le livre d’or de la Maison natale du Maréchal Foch dans la cathédrale. Pour ne pas forcer la volonté de Jean-Paul II la page était toute blanche, alors que l’usage veut qu’une introduction soit rédigée à l’avance. Avec bonté et confiance, le pape a signé, non pas en haut de la page, mais vers le milieu, laissant toute latitude pour ajouter l’introduction. On remarque qu’il prend soin de ne pas froisser avec son coude les feuillets qui accompagnent le livre d’or. Cette démarche a été préparée à la dernière minute et les journalistes n’ont pas eu le temps d’être avertis (ils ont cru que c’était le livre d’or de la cathédrale). Cette scène ne s’est pas déroulée devant le grand public à qui l’entrée de la cathédrale avait été interdite.

Le livre d’or de la maison natale du Maréchal Foch (photo 2012), n’est pas visible par le public, mais nous avons pu prendre ce cliché.

Tout en haut, la signature du pape (photo 2012).

Le pape à la sortie de la cathédrale, pour cette visite historique à Tarbes. Vers 18h, le pape arrive à Lourdes où il se recueille à la Grotte et à 18h55, il prononce un discours  sur le « prairie ». Il restera à lourdes le lendemain 15 août. Au moment de partir de Lourdes il dira : « Je garderai le souvenir de cette fête de l’Assomption comme l’une des plus belles de mon existence » et à Tarbes, il dira : « J’estime que la France a beaucoup de chance de posséder en cette région un haut lieu pareil ! Non pas à vrai dire de le posséder, car il lui a été donné par pure grâce ; et elle n’en dispose pas comme d’un trésor passé, ni comme d’un succès touristique, mais comme d’une source mystérieuse qui attire les âmes pour les renouveler, et qu’elle doit offrir aux passants du monde entier. »

L’intégralité des discours prononcés par le pape à Tarbes et à Lourdes ont été rassemblés dans ce petit livre de 83 pages.

Le discours de François Mitterrand à l’aéroport :

Très Saint Père,
- Comme vous le voyez, la France, de grand coeur, vous souhaite la bienvenue. Elle accueille en vous et le souverain et le chef de l'Eglise catholique. Fortes et multiples sont les familles d'esprit qui dialoguent ou se confrontent au sein de la nation française. Notre loi, notre devoir et notre volonté s'accordent à préserver comme un bien très précieux la liberté pour chacun de croire et de vivre sa foi, ou de servir son idéal, dans le double respect de la communauté qu'ensemble nous formons et de l'Etat qui la rassemble.
- Saluer en votre personne l'institution qui a si profondément, si intimement marqué l'histoire universelle, et particulièrement l'histoire de mon pays, et qui reste une source vive où tant des nôtres continuent de puiser leurs raisons d'espérer, est pour moi la plus simple façon d'honorer celui qui la conduit et porte, au plus haut, son message.
Mais la France accueille aussi ici et en ce jour, l'homme qui se fait l'apôtre de grandes causes qui donnent à la vie son sens, la paix, la solidarité, la justice. La paix, jamais acquise, menacée de tous côtés, par la volonté de domination, par l'âpreté des intérêts et par l'intolérance, menacée par l'iniquité qui sépare de plus en plus les peuples riches des peuples pauvres, menacée par le surarmement des plus puissants, a besoin d'être secourue, soutenue, défendue au-delà du nécessaire et difficile équilibre des forces par la vigilance de peuples en péril.
- Votre voix, Très Saint Père, va loin dans la conscience des hommes. Ce qu'elle dit est entendu et par ceux qui croient comme vous et par ceux qui ne croient pas, chaque fois qu'elle rappelle et qu'elle condamne l'injustice sociale, l'insolence des privilèges, la ruine des droits de l'homme dans un monde où l'on voit trop d'individus, de familles, de groupes sociaux, de races, de peuples et de nations livrés à la violence de l'oppression et de la haine.
- Très Saint Père, le regret que les Français ont eu de ne pouvoir vous recevoir à cause du tragique attentat dont vous avez été victime '15 juillet 1981' accroît notre joie de vous savoir parmi nous, aujourd'hui épreuve surmontée, force et santé retrouvées, inspirateur infatigable des nobles tâches de notre temps. Puisse ce voyage au pied des Pyrénées vous permettre de ressentir, - vous qui nous connaissez si bien - dans son intensité et sa diversité la réalité présente de la France, fidèle à son passé en ce qu'il a, je le crois, de meilleur et prête plus que jamais à témoigner pour l'avenir et les principes qui nous guident.
- Oui, bienvenue chez nous, Très Saint Père, joie pour ceux qui vous attendent. Je l'ai dit, c'est de grand coeur que la France vous reçoit.

Si vous possédez des photos de la visite du pape à Tarbes le 14 août 1983, merci de les partager avec nous (loucrup@orange.fr).

En mai et juin 2014, une exposition de 16 photographies (propriété des archives du diocèse) a eu lieu à la cathédrale de Tarbes. C’était pour célébrer la canonisation de Jean-Paul II en 2014 :

Après l’exécution des hymnes pontificaux et français, le cortège a gagné le salon d’honneur où a eu lieu l’échange des discours.

Le dimanche 14 août 1983, après avoir récité l’angelus à Castel Gandolfo, le pape s’est rendu en hélicoptère à l’aéroport de Rome, Fiumicino, pour y prendre l’avion de la compagnie Alitalia qui devait le conduire à Tarbes-Ossun, près de Lourdes. Le départ s’est effectué à 13h20. Les 1030 kilomètres ont été rapidement franchis et l’avion papal se posait peu après 15 heures sur la terre française. Quelques instants auparavant, un hélicoptère avait atterri, amenant le Président Mitterrand, accompagné du Ministre de l’Intérieur, Gaston Deferre.